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Le paquet de mesures de la BCE provoque un vent de colère en Allemagne et aux Pays-Bas

Jens Weidmann

Jens Weidmann - ARNE DEDERT / DPA / AFP

Pour le patron de la Bundesbank, Mario Draghi a "dépassé les bornes" en annonçant jeudi la relance du programme de dettes. Le ton est le même du côté des Pays-Bas.

Fronde germano-néerlandaise contre la BCE. Du côté de la Bundesbank comme de la Banque des Pays-Bas, la relance du programme de rachat de dettes, annoncée jeudi par Mario Draghi, passe mal. Pour Jens Weidmann, à la tête de la banque centrale allemande, le président de la BCE a même "dépassé les bornes". Jens Weidmann, dont les réticences sur ce sujet étaient connues, a estimé dans le quotidien Bild qu'il n'était "pas nécessaire" de recourir "à des mesures d'une telle portée".

"Avec la décision d'acheter encore plus d'emprunts d'Etat, il sera encore plus difficile pour la BCE de sortir de cette politique. Plus elle dure et plus les effets secondaires et les risques (...) pour la stabilité financière augmentent", a déploré le patron de la banque centrale allemande, l'un des 25 membres du conseil des gouverneurs de la BCE, qui n'a pas pour habitude d'étaler ainsi ses différends.

Cette sortie d'une rare virulence intervient juste après un communiqué de son homologue néerlandais, Klaas Knot, qui a lui aussi ouvertement critiqué les mesures adoptées jeudi par la BCE pour soutenir une conjoncture faiblissante en zone euro. Ce dernier, également membre du Conseil des gouverneurs de la BCE, estime que "cette large panoplie de mesures (...) est disproportionnée par rapport à la situation économique actuelle, et il existe de bonnes raisons de douter de son efficacité".

"Rien ne présage une récession"

"L'économie de la zone euro fonctionne à pleine capacité et les salaires augmentent. Les conditions financières sont très accommodantes pour les consommateurs, les entreprises et les gouvernements et ne constituent aucun obstacle à l'offre de crédit, à la consommation ou aux investissements", a affirmé le patron de la banque centrale néerlandaise. "Rien ne présage une récession à l'échelle de la zone euro", assure-t-il, et la relance de cette mesure n'est pas "l'instrument approprié".

La réactivation des rachats de dette a fortement divisé le conseil des gouverneurs de la BCE, signe des doutes entourant ce puissant programme anti-crise déjà utilisé entre 2015 et 2018. Si une poignée des 25 membres de cette instance avaient publiquement exprimé leurs réserves, plusieurs auraient plaidé contre la reprise de ce programme dans le secret des délibérations tenues jeudi. Mario Draghi s'était borné à évoquer jeudi "une diversité de points de vue" sur ce sujet.

J. B. avec AFP