Le patron de la BCE pris entre Hollande et Merkel
Mario Draghi pris entre deux feux. Le président de la Banque centrale européenne (BCE) est reçu ce lundi 1er septembre à l'Elysée par François Hollande, trois jours avant la réunion mensuelle de l'institution européenne.
Depuis plusieurs semaines, Paris exhorte la BCE à muscler son action. Samedi 30 août, à l'université d'été du PS à la Rochelle, le Premier ministre Manuel Valls a notamment appelé la banque centrale "à aller encore plus loin" pour faire baisser le niveau de l'euro.
Avant lui, le ministre des Finances, Michel Sapin, avait demandé à la BCE d'aller "jusqu'au bout de ses possibilités" pour provoquer la chute de la monnaie unique, dans une tribune publiée mi-août par Le Monde.
Le coup de fil de Merkel
De son côté, Berlin regarde actuellement de travers Mario Draghi. En cause: ses déclarations prononcées le 22 août dernier à Jackson Hole, aux Etats-Unis.
Le président de la BCE affirmait alors "qu'il serait utile (…) si les politiques budgétaires pouvait jouer un plus grand rôle aux côtés de la politique monétaire". "Je pense qu'il y a de la marge pour cela", ajoutait-il.
Une déclaration qui aurait mécontenté Angela Merkel. Selon le magazine allemand Der Spiegel, la chancelière aurait appelé le président italien de la BCE pour demander des explications sur son discours de Jackson Hole. Elle se serait "emparée de son téléphone pour interroger Monsieur Draghi et savoir ce qu'il aurait voulu dire", écrit ainsi le magazine.
"Mario Draghi a fait une vraie critique en tirant le constat d'un manque de demande. Ce qu'il a possiblement en tête est d'inciter l'Allemagne à des ajustements, sans pour autant appeler à un plan massif de relance", juge pour sa part Frederik Ducrozet, économiste chez Crédit Agricole CIB.
Angela Merkel et l'exécutif français mettent ainsi à mal le principe d'indépendance de la Banque centrale européenne. Ce qui s'avère être une mauvaise idée, selon Frederik Ducrozet. "On peut imaginer que Merkel a une (petite) influence sur la BCE, mais la France n'en a pas du tout. Ils peuvent afficher leurs désaccords, la BCE reste indépendante et ces critiques se sont souvent révélées contre-productives", souligne-t-il.