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Le pétrole au plus haut depuis 3 mois

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- - Federico PARRA / AFP

Les prix du pétrole se sont hissés vendredi à leur sommet depuis novembre dernier. La production de l'Opep, elle, ne cesse de baisser.

Le baril de Brent a terminé à 66,25 dollars, en hausse de 2,6% par rapport à la veille et de 6,7% sur la semaine. A New York, le baril de WTI pour livraison en mars, a fini à 55,59 dollars, enregistrant une progression journalière de 2,2% et hebdomadaire de 5,4%. Entre efforts délibérés de l'Opep, crise au Venezuela et interruptions accidentelles, les prix sont au plus haut depuis trois mois.

« Les paris sur la hausse des prix se sont multipliés cette semaine car les cours ont reçu un petit coup de pouce de l'Opep » a résumé Stephen Brennock, analyste de PVM.

Le cartel avait en effet annoncé début décembre que ses membres et leurs partenaires, dont la Russie, allaient accentuer leurs efforts pour limiter leur production afin de soutenir un marché dont les prix s'effondraient depuis début octobre. A l'époque, les marchés n'avaient pas été convaincus. Les cours avaient continué de reculer, pour atteindre fin décembre leur plus bas niveau depuis plus de deux ans, à 49,53 dollars pour le Brent et à 42,36 dollars pour le WTI.

Les marchés attendaient du concret. C'est chose faite. Les rapports mensuels de l'Opep et de l'Agence internationale de l'Energie ont confirmé les promesses: les membres du cartel pétrolier ont bien réduit leurs extractions.

Sanctions américaines et interruptions accidentelles pèsent sur l'offre mondiale

Outre les efforts volontaires de l'Opep, « les sanctions américaines contre l'Iran et le Venezuela devraient peser sur l'offre mondiale, et pourraient ramener le marché du pétrole à l'équilibre », a commenté Lukman Otunuga, analyste de FXTM. Ces deux producteurs importants voient en effet leurs exportations entravées par les mesures prises par Washington.

D'autres pays voient aussi leurs productions perturbées involontairement. C'est le cas notamment de la Libye qui a dû interrompre plusieurs fois ses exploitations en raison du conflit armé qui secoue le pays. Par ailleurs, « des informations de presse évoquant une panne partielle sur le champ de pétrole de Safaniya en Arabie saoudite, qui produit 1,2 à 1,5 million de barils par jour, ont entrainé le prix du Brent au dessus des 66 dollars » a indiqué Martijn Rats de Morgan Stanley.

Le ministre saoudien de l'Energie avait un peu plus tôt affirmé « que la production du royaume pourrait descendre à 9,8 millions de barils par jour, soit en dessous de ce qui était prévu », a ajouté le spécialiste en soulignant ne pas savoir si cette nouvelle anticipation intégrait ou non les effets de la panne.

Paradoxalement, les efforts de l'Opep n'auraient peut-être pas suffi à faire remonter les prix si les Etats-Unis n'avaient pas poursuivi une politique agressive envers deux de ses membres. « Les Etats-Unis ont atteint l'indépendance énergétique, ce qui permet à Washington de poursuivre sa politique (de sanctions) face à des régimes » de pays producteurs de brut dont ils avaient besoin auparavant pour éviter de faire flamber les prix, ont commenté les analystes de Bank of America Merrill Lynch.

Les investisseurs sont aussi très sensibles à un autre élément de la politique étrangère des Etats-Unis: ses relations avec la Chine. Ils ont d'ailleurs salué vendredi les progrès effectués dans les négociations entre les deux parties.

Des avancées qui ravivent l'espoir d'un apaisement des tensions commerciales et, par ricochet, d'un regain de vigueur de la croissance des deux puissances économiques.

Sandrine Serais avec AFP