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Le pétrole iranien, nouveau sujet de tension entre la Chine et les Etats-Unis

De gauche à droite, le président américain Donald Trump et le président chinois Xi Jinping, en novembre 2017.

De gauche à droite, le président américain Donald Trump et le président chinois Xi Jinping, en novembre 2017. - Fred Dufour / AFP

Donald Trump a décidé d’annuler les dérogations accordées à certains pays pour importer du pétrole iranien. L’Arabie saoudite applaudit, Pékin proteste.

Fidèle à ses manières, Donald Trump a ajouté un peu de pétrole sur le feu. Lundi, le président américain a annoncé la fin des dérogations américaines accordées à certains pays pour l’importation du pétrole iranien. En clair, Washington ferme totalement le robinet iranien. La décision entrera en vigueur le 2 mai prochain.

Huit pays étaient concernés par ces dérogations : la Chine, l’Inde, la Turquie, le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, l’Italie et la Grèce. S’ils décidaient de poursuivre leurs importations, ils s’exposeraient alors à des sanctions, dans le cadre de l’extraterritorialité de la justice américaine. « Aucune période de grâce » pour les huit pays, a prévenu le secrétaire d’État Mike Pompeo.

L’Arabie saoudite promet de « stabiliser » l’offre

L’annonce a d’abord fait flamber les cours. Le baril a ainsi atteint son plus haut niveau depuis novembre dernier. Ce mardi, le baril de brut flirtait avec les 75 dollars alors qu’il avait plongé à 50 dollars en décembre.

Une bonne nouvelle pour l’Arabie saoudite, grand ennemie de Téhéran, qui cherchait à faire remonter les prix depuis plusieurs mois. Pour Ryad, la décision américaine est la « mesure nécessaire pour amener le régime iranien à cesser ses politiques de déstabilisation et de soutien au terrorisme à travers le monde ». Pour autant, Donald Trump ne se satisfera pas d’un cours trop haut et l’Arabie saoudite a promis de « stabiliser » l’offre.

Le discours est nettement moins favorable du côté des pays visés par la décision américaine. « Nous n’accepterons pas de sanctions unilatérales et de contraintes sur la manière dont nous gérons nos relations avec nos voisins », a lancé le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu.

Guerre en cours

Pékin a, de son côté, accusé Washington « d’intensifier les troubles » au Moyen-Orient. « La Chine exhorte la partie américaine à respecter sincèrement ses intérêts et inquiétudes et à ne pas prendre de mauvaises mesures qui nuisent aux intérêts de la Chine » a souligné Geng Shuang, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Mais peu pays peuvent finalement s’opposer aux menaces de Donald Trump. Seul Pékin pourrait véritablement aller au bras de fer avec le risque de relancer sérieusement la guerre commerciale qui peine à se résoudre entre les deux pays.

Ces dernières semaines, une issue favorable aux tensions entre les deux pays semblait possible mais plusieurs questions, économiques et diplomatiques, restaient en suspens. Le brut iranien est notamment important pour la Chine, si bien que certaines raffineries en Chine sont configurées spécialement pour traiter le pétrole iranien. Il y a d’ailleurs peu de chances, selon les spécialistes, pour que Pékin (tout comme l’Inde) ferme le robinet.