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Le pétrole sursaute après la mort du roi d'Arabie saoudite

Le palais royal saoudien a annoncé la mort à 90 ans du roi Abdallah et son remplacement par le prince Salmane.

Le palais royal saoudien a annoncé la mort à 90 ans du roi Abdallah et son remplacement par le prince Salmane. - CHIP SOMODEVILLA - AFP

L'Arabie saoudite a annoncé vendredi la mort du roi Abdallah. Aussitôt, le cours du pétrole, qui chute depuis des mois, a rebondi. Une hausse durable?

La mort du roi Abdallah d'Arabie Saoudite ne devrait pas provoquer de changement "significatif" de la politique pétrolière saoudienne, a déclaré le chef économiste de l'Agence internationale de l'Energie (AIE), Fatih Birol.

"Après la mort du roi, je ne m'attends pas à un changement significatif de la politique pétrolière de l'Arabie saoudite, et j'espère qu'ils continueront à être un facteur de stabilité sur les marchés pétroliers, particulièrement en ces jours difficiles", a déclaré Fatih Birol en marge du forum économique mondial.

Le cours du pétrole rebondit

Les cours du pétrole, qui chutaient depuis des mois, ont néanmoins rebondi ce vendredi 23 janvier après l'annonce de la mort du roi Abdallah d'Arabie saoudite, premier exportateur mondial d'or noir, qui ouvre une période d'incertitude quant à la politique pétrolière du royaume.

Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mars s'appréciait de près de 1 dollar, soit un peu plus de 2%, à 47,30 dollars, à 02H30 du matin dans les échanges électroniques en Asie, après être monté de 3,1% à New York. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance montait également, et son écart par rapport au WTI augmentait, passant de 1 dollar le 16 janvier à 2 dollars. Mais Malgré ce sursaut, les cours du pétrole, erratiques depuis le début de l'année, sont en repli de plus de 3% cette semaine.

Un changement prochain de politique de l'Opep?

Le palais royal saoudien a annoncé la mort à 90 ans du roi Abdallah et son remplacement par le prince Salmane."La mort du roi Abdallah va accroître l'incertitude et la volatilité des prix du brut à court terme", estimait Neil Beveridge, analyste de Sanford C. Bernstein & Co. à Hong Kong, cité par Bloomberg. "Je ne crois pas à un changement prochain de politique mais le décès (du roi) survient à un moment délicat pour l'Arabie saoudite".

Le baril de pétrole a perdu plus de 50% de sa valeur depuis son pic de juin 2014 sous l'effet de la surabondance d'offre - aggravée par la hausse de la production américaine - et d'une demande atone. L'Arabie saoudite, membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), est le premier exportateur mondial de pétrole devant la Russie et les Emirats arabes unis, et le deuxième producteur derrière les Etats-Unis, selon l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA).

Une volonté d'affaiblir les Etats-Unis?

Le marché pétrolier comptait sur l'Opep pour soutenir les cours en réduisant sa production mais le cartel s'y refuse, plusieurs de ses membres influents, Saoudiens en tête, préférant rogner sur les marges pour préserver leur avantage concurrentiel. Les 12 pays de l'Opep, qui pompe un tiers de l'or noir mondial, ont ainsi décidé fin novembre de maintenir leur plafond de production de 30 millions de barils par jour pour les six mois suivants. Leur première réunion de l'année est programmée pour le mois de juin.

Certains experts ont notamment vu dans cette décision de maintenir coûte que coûte le niveau de leur production une volonté d'affaiblir l'exploitation des gaz de schiste aux Etats-Unis. Le secrétaire général de l'Opep Abdallah El-Badri a assuré jeudi que la politique de l'organisation s'appuyait sur des constats "purement économiques" et n'était "pas dirigée contre un pays en particulier".

Un élément clé dans les jours ou les semaines à venir sera de savoir si le roi Salman confirmera dans ses fonctions l'actuel ministre du pétrole, Ali al-Naimi, artisan de la stratégie pétrolière du pays depuis 1995. "Il est possible qu'Ali al-Naimi soit remplacé" après qu'il a laissé entendre qu'il souhaitait consacrer davantage de temps à ses activités universitaires, soulignait Phil Flynn, analyste de Price Futurs à Chicago.

N.G. avec AFP