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Le plan du Qatar pour l’industrie allemande

Angela Merkel et Tamim Al Thani

Angela Merkel et Tamim Al Thani - Tobias SCHWARZ / AFP

Le Qatar va revoir sa stratégie et investir en Allemagne mais plus forcément en prenant des participations dans de grandes entreprises.

17 milliards d’euros. C’est le chiffre calculé par le quotidien économique allemand Handelsblatt. Ce chiffre correspond à peu près à l’équivalent de ce que le Qatar a investi en Allemagne ces 30 dernières années. Mais voilà le Qatar possède une nouvelle stratégie. Jusqu’ici, le cœur de la stratégie du fonds souverain du Qatar était de prendre des participations dans les plus grands noms de l’économie allemande (Volkswagen, Siemens, Hochtief…)

Désormais, les Qataris entendent orienter leurs investissements vers le Mittelstand, le tissu manufacturier allemand. Ce nouveau plan sera détaillé vendredi lors d’un forum économique bilatérale à Berlin. Le ministre des Finances du Qatar dit ainsi considérer l’Allemagne comme « 1 acteur clé de l’économie mondiale ». Pourtant, cela ne fonctionne pas toujours comme escompté : les entrées au capital de la Deutsche Bank et du fabricant de panneaux solaires Solarworld se sont soldées pour les Qataris par de très lourdes pertes. Mais le ministre affirme que son pays est doté de « beaucoup d’endurance », quel que soit le secteur d’investissement. Le Qatar a les moyens de sa politique en Allemagne.

Une dimension géopolitique ?

S’implanter sur une telle étendue au sein de la première puissance économique d’Europe permet aussi au Qatar de contrer la politique d’isolement menée à son encontre depuis juin 2017 par l’Arabie saoudite. Riyad, qui accuse Doha de soutenir des mouvements « terroristes » et de s’allier à l’ennemi iranien. L’intention saoudienne est, à présent, de transformer physiquement la péninsule du Qatar en une île : creuser un canal de 60 km autour de sa seule frontière terrestre.

Selon différents médias en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis, le constructeur vainqueur de l’appel d’offres devrait être connu ce mois-ci. Dans un ouvrage collectif intitulé « La résilience du Qatar : modèle de résistance au blocus », publié en juin par un centre de recherche d’Etat qatari, il est souligné toute l’importance pour l’Emirat que sa version du différend avec son grand voisin saoudien soit entendue de l’Europe : « la position européenne est largement influencée par les grands intérêts économiques entre les 2 parties ».

D’autres convergences entre l’Allemagne et du Qatar ?

Entre l’Allemagne et le Qatar, il existe d’autres convergences. Et notamment un lien avec la Turquie. L’Allemagne est en effet plus que jamais l’interlocuteur central des Turcs en Europe et dans le monde arabe, le Qatar le devient. Doha s’est d’ailleurs engagé à investir 15 milliards de dollars en Turquie. Un éditorialiste à Istanbul a écrit qu’un appui financier conjoint des Allemands et des Qataris pourrait, à défaut de « sauver » l’économie turque, être « un signal encourageant ». C’est en tout cas un motif supplémentaire pour le Qatar d’élargir sa surface financière en Allemagne.

Benaouda ABDEDDAIM