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Le salaire minimum remis en cause en Allemagne pour les réfugiés?

Dès leur arrivée sur le territoire allemand, les réfugiés sont pris en charge par leur ville d'accueil. Ils sont logés et nourris et ont accès à des cours d'allemand. Ce livre leur est également remis pour qu'ils puissent connaître leurs droits.

Dès leur arrivée sur le territoire allemand, les réfugiés sont pris en charge par leur ville d'accueil. Ils sont logés et nourris et ont accès à des cours d'allemand. Ce livre leur est également remis pour qu'ils puissent connaître leurs droits. - CHRISTOF STACHE / AFP

Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, le gouvernement allemand travaille sur un projet autorisant les entreprises à accueillir des réfugiés, et plus largement les immigrés au chômage, pour leur assurer une formation interne sans qu'elles soient obligées de les payer 8,84 euros de l'heure.

Le gouvernement allemand souhaite remettre en cause le salaire minimum pour les réfugiés, et plus largement les immigrés qui, tant sur le plan linguistique que professionnel n’ont pas une formation suffisante pour convaincre un employeur de les payer 8,84 euros de l’heure (montant du salaire minimum depuis le 1er janvier).

Selon le quotidien bavarois Süddeutsche Zeitung, trois ministères (Finances, Travail et Éducation nationale) travaillent en concertation sur le sujet. Pour aider les centaines de milliers de demandeurs d'asile accueillis ces deux dernières années en Allemagne à s'insérer progressivement dans le monde du travail, le gouvernement fédéral souhaite autoriser les employeurs à leur assurer une formation professionnelle en interne, à l’instar de ce qui se fait déjà avec les jeunes en apprentissage. Et pour ces périodes de "stage" l’employeur pourrait se contenter de verser une allocation de formation dont le montant n’est pas évoqué dans les documents mentionnés par le journal.

Les syndicats hostiles à cette dérogation

Même si elle n’a jamais exigé d’aménagement de la législation sociale pour faciliter l’intégration des réfugiés, la confédération des associations d’employeurs (BDA) -l’équivalent du Medef en Allemagne- défend de longue date l’idée d'une dérogation leur permettant de ne pas payer au salaire minimum les salariés (étrangers ou pas) qui reçoivent une formation en interne leur permettant de se remettre à niveau sur le plan professionnel.

De son côté, la Fédération allemande des syndicats (DGB) se dit hostile à une mesure permettant aux entreprises de "jouer sur la méconnaissance qu’ont les réfugiés de leurs droits pour profiter d’une main d’œuvre pas chère". Et elle met en garde le gouvernement par la voix d’un de ses dirigeants, Stefan Körzell: "Cela risque de mettre de l’eau au moulin des populistes de droite toujours prompts à affirmer que les étrangers prennent les emplois des Allemands parce qu'ils sont moins chers" explique ce dernier dans les colonnes de la Süddeutsche Zeitung.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco