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L'économie thaïlandaise menacée par la crise politique

Le contexte politique tendu affecte désormais l'économie thaïlandaise.

Le contexte politique tendu affecte désormais l'économie thaïlandaise. - -

Si l'économie a su résister pendant des années à un contexte politique trouble, ce n'est désormais plus le cas. Et les objectifs de croissance, déjà sous-évalués, semblent promis à l'échec.

A Bangkok, on se déchire pour le pouvoir depuis huit années. Mais bon an, mal an, jusqu'à la fin 2013, cela n'a altéré ni les investissements directs étrangers, ni les recettes touristiques. Les capitaux ont en effet continué d'affluer vers une base de production qui monte en gamme dans l'automobile, l'électronique, la métallurgie, l'agro-alimentaire.

Plus de 15 milliards de dollars ont ainsi été investis en 2013 par des références mondiales comme Toyota ou Nikon. Quant au tourisme, il y a eu 20 % de visiteurs supplémentaires. Les européens, par exemple, sont 12 % plus nombreux. 

La banque centrale peut s'appuyer sur un matelas de sécurité plutôt confortable: des réserves de change qui couvrent sept mois d'importations.

Les objectifs de croissance illusoires

Mais l'arrière-plan politique, de plus en plus sombre, a fini par s'imposer. Au premier trimestre, le produit intérieur brut s'est contracté de 0,6 %, ce qui rend illusoire la cible des 2,5% de croissance en 2014.

Un objectif déjà modeste, car d'après le Fonds monétaire international, le potentiel de la deuxième économie d'Asie du sud-est dépasse les 5 %.

Pour espérer renouer avec ce rythme d'activité, la Thaïlande doit résorber une fracture nationale profonde où, à grands traits, il y a un nord rural qui demeure reconnaissant au pouvoir élu de ce qu'il a fait pour réduire la pauvreté. Et en face, une capitale et ses élites qui perçoivent le gouvernement comme un clan de parvenus, ayant profondément corrompu l'économie et la société.

Pas grand-chose n'indique que cette fracture puisse être traitée en quelques mois.

Benaouda Abdeddaïm