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Economie et Social

Leçons électorales européennes : la victoire du « parti de l'ordre »

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La leçon pour le parti de l’ordre de gouvernement actuel est que, si sa domination à court terme est assurée, elle ne sera pérenne que s’il tient compte de la consolidation dans le paysage politique européen de l’écologie.

« Entre les communistes et nous (ie les gaullistes), il n’y a rien ». Cette formule d’André Malraux résumait la situation politique d’après mai 68. Pour Malraux, cette situation n’était pas surprenante car, historiquement, le parti de l’ordre est le vainqueur inévitable des excès de la rue. Ce fut le cas en 1968, comme cela avait été le cas après février 1848 ou l’hiver 1870/1871.

Et d’une certaine façon, de nos jours, le schéma se reproduit après les débordements associés aux « gilets jaunes ». Il y a 50 ans, le parti de l’ordre se décomposait en une composante de gouvernement (les gaullistes) et une d’opposition (les communistes) ; aujourd’hui, la composante de gouvernement est la République en marche et la composante d’opposition le Rassemblement national. Et ce parti de l’ordre est le vainqueur objectif des élections européennes du 26 mai. Mais l’expérience montre que cette victoire peut s’éroder. S’inspirant de Malraux, Alain Peyrefitte déclarait en septembre 1970 :

« Nous sommes au pouvoir pour trente ans si nous ne faisons pas de bêtises ».

Or le parti de l’ordre fit la bêtise de ne pas voir la renaissance du parti du mouvement au travers de la montée en puissance du parti socialiste organisée par François Mitterrand. La leçon pour le parti de l’ordre de gouvernement actuel est que, si sa domination à court terme est assurée, elle ne sera pérenne que s’il tient compte de la consolidation dans le paysage politique européen de l’écologie.

Le défi pour Emmanuel Macron est donc, dans son affirmation de maintenir le cap, de ne pas oublier que son cap initial intégrait les engagements de la COP 21. Dans ce moment où la fiscalité demeure un des domaines où prospèrent les idées les plus loufoques, il est indispensable de remettre à l’ordre du jour la refonte des impôts en une fiscalité verte, une fiscalité centrée sur le traitement des externalités négatives que constituent les émissions de gaz à effet de serre par des taxes pigoviennes.