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Pour la pub iranienne, la levée des sanctions est une aubaine

Impossible de montrer les cheveux des femmes, même pour vendre un shampoing qui leur est destiné. Il faut être très créatif...

Impossible de montrer les cheveux des femmes, même pour vendre un shampoing qui leur est destiné. Il faut être très créatif... - BFM Business

Au lendemain de l'annonce de la levée des sanctions internationales qui pesaient contre l'Iran, le téléphone de l'une des principales agences de communication du pays n'arrête plus de sonner. Reportage à Téhéran.

Évènement historique ce week-end: les grandes puissances ont levé les sanctions internationales qui pesaient sur l'Iran. Pour les entreprises iraniennes, un bouleversement s'annonce. Les journalistes de BFM Business ont rencontré à Téhéran les dirigeants de l'une des principales agences de pub iraniennes, Aftabnet.

Sur son tableau noir, la directrice de la création note quelques idées à la craie. Avec son équipe, elle imagine ensuite tout le plan de communication: dessins, slogans, logos. Elle travaille actuellement sur une campagne pour la banque agricole d'Iran, pour ses services de banque en ligne, explique Banafchech Sadeghi, directrice de la création de l'agence.

Pour elle, son travail n’est pas vraiment différent de celui des agences occidentales. "La publicité, dans le monde entier, ça fonctionne de la même façon: il y a le brief, la création, et la stratégie media, c'est pareil" souligne-t-elle.

La levée de l'embargo est une aubaine

La première étape, le brief, est rédigée par le directeur de la stratégie de l'agence, Reza Salehi. C'est lui qui est en contact direct avec le client, et qui leur propose un plan média. Est-ce que l'agence jouit d'une liberté totale de création au sein de la République islamique? "Compte tenu bien sûr des spécificités culturelles que l'on a ici, et qui, au fond, sont acceptées par la population, oui, nous avons cette liberté de création", assure Reza Salehi. 

Parmi ces spécificités culturelles, l'impossibilité de montrer les cheveux des femmes. Pour vendre un shampoing, cela complique la tâche. Mais l'agence a de la ressource. Dans sa dernière campagne, elle a mis en scène de drôles de poupées masculines. "On vend des shampoing pour les femmes iraniennes! Et ça, c'est parce que notre équipe est très créative!", s'amuse Reza Salehi.

Si une marque internationale veut vendre ses produits en Iran, elle doit s'adapter à ces contraintes. Or elles sont nombreuses à vouloir conquérir ce marché. Depuis l'annonce de la levée de l'embargo, l'entreprise reçoit de nombreux coup de fil. Ce dont elle se félicite évidemment.

"C'est une nouvelle ère pour le marché iranien. Nous avons les compétences, nous avons la capacité et les outils, explique Sam Nafissi, le directeur du développement international d'Aftabnet. "Bien sûr nous devons monter en puissance, et renforcer nos infrastructures", admet-il néanmoins. Celui qui le dit vient justement d'être nommé directeur du développement international de l'agence. Un poste qui vient d'être créé.

Dorothée Balsan et Benaouda Abdeddaïm, édité par N.G.