BFM Business
International

Les bourses à nouveau secouées

Après le rebond de mardi, les places européennes et américaines ont terminé en forte baisse mercredi notamment à cause de l’inversion de la courbe des taux aux Etats-Unis, signe d’une récession à court terme.

Soulagées mardi par le report de nouvelles taxes à l’importation côté américain, les places boursières décrochent à nouveau ce mercredi, secouées par une conjonction de mauvaises nouvelles. A la clôture, le CAC40 perd 2,08% à 5251 points tandis que le DAX allemand lâchait 2,23%, soit son plus bas depuis mars. A A la clôture aux Etats-Unis, le Dow a chuté de 3% à 25.479 points tout comme le Nasdaq. 

Premier coup au moral : la contraction de la croissance en Allemagne (-0,1% au 2e trimestre) confirmant les difficultés de la première économie européenne face aux guerres commerciales. Le spectre d’une récession technique (deux trimestres consécutifs en baisse) est de plus en plus palpable.

La croissance industrielle chinoise au plus bas depuis 2002 (+4,8%) et des ventes au détail inférieures au consensus (+7,6% vs. +8,6%) ont également pesé.

Mais le coup de grâce a été asséné du côté des Etats-Unis avec l’inquiétante inversion temporaire des taux courts et longs, une première depuis 2007. La courbe des rendements obligataires américains à deux et dix ans s'est inversée ce qui est considéré par de nombreux observateurs comme un signe avant-coureur de récession.

Le rendement des titres à 30 ans est tombé peu après à un nouveau plus bas historique de 2,05% et le mouvement s'est propagé au marché européen, le rendement des taux allemands à dix ans, référence de la zone euro, inscrivant lui aussi un plus bas à -0,64%.

Au Royaume-Uni, le rendement des gilts à 10 ans est pareillement passé sous celui des notes à deux ans pour la première fois depuis août 2008, tandis que le rendement des emprunts à 30 ans est tombé à un plus bas inédit de 1,057%, en baisse de huit points de base sur la séance.

« Historiquement, l'inversion de la courbe américaine a toujours été perçue comme un signal de récession et il reste à voir si c'est toujours le cas. Ce qui est certain, c'est que le monde semble moins sûr », commente Tim Graf, stratège macro chez State Street Global Advisors.

Débat chez les analystes

En mars déjà, un premier signal avait été donné avec le rendement des Treasuries à 10 ans qui était passé sous celui des bons à trois mois.

Si on ajoute les incertitudes liées aux conflit commercial sino-américain et le Brexit, le spectre de la récession se fait plus palpable malgré de bons indicateurs macro aux Etats-Unis (croissance à plus de 2% et chômage au plus bas).

D’autres experts sont d’ailleurs plus mesurés. « Le cycle économique aux États-Unis ne donne pas plus de signes d’essoufflement qu’au premier trimestre 2018 il y a un an, le soutien des banques centrales et des taux durablement bas offrent une protection contre la baisse de la Bourse », estime en effet Jean-Jacques Friedman, Chief Investment Officer (CIO) de Natixis Wealth Management.

« Certains indicateurs prédictifs de récession se dégradent aux États-Unis : celui qui est le plus souvent mis en avant est l’inversion de la courbe des taux, auquel on pourrait adjoindre une érosion des pics des marges et de l’effet richesse, du fait de la correction boursière. Mais ces éléments nous apparaissent diffus et ne pas se concentrer sur un élément central, comme cela avait pu être le cas lors des alertes précédentes avec par exemple la chute du prix du pétrole et le risque associé d’une concentration sur un risque obligataire dans le secteur du gaz de schiste », ajoute l’expert.

>A lire : Faut-il croire à une récession d'ici 18 mois ?

Olivier CHICHEPORTICHE