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Les délirants écarts de salaires entre patrons et salariés américains

Aux Etats-Unis, les patrons sont payés, en moyenne, 204 fois plus que l'employé dont une moitié des collègues est payé plus, l'autre moitié moins.

Aux Etats-Unis, les patrons sont payés, en moyenne, 204 fois plus que l'employé dont une moitié des collègues est payé plus, l'autre moitié moins. - Thomas Hawk - Flickr - CC

Les dirigeants de groupes américains cotés toucheraient une rémunération en moyenne 200 fois supérieure à celle du salaire médian de leur entreprise. Un écart qui atteint même parfois plus de 1.000.

L'écart de salaire entre patrons et salariés britanniques, de 183 fois la paie médiane, vous choque? Ne regardez pas du côté des Etats-Unis ! Outre-Atlantique, les dirigeants d'entreprises cotées sur le S&P 5000 étaient payés en moyenne 204 fois le salaire médian de leur entreprise en 2014. Et jusqu'à 1.000 fois dans certaines entreprises, selon les données publiées par le site de recherche d'emploi Glassdoor.

Sur la première marche du podium des entreprises chez qui cet écart est le plus important, on retrouve Discovery Communications, qui détient notamment la chaîne de télé Discovery Channel. David Zaslav, le numéro 1 du groupe, touche plus de 156 millions de dollars annuels, soit près de 2.000 fois la rémunération médiane des travailleurs de son entreprise, de 80.000 dollars.

Vient ensuite la chaîne de restauration rapide Chipotle, qui vend de la nourriture mexicaine. Son PDG, Steve Ells, perçoit 29 millions de dollars à l'année, contre 19.000 dollars pour le salarié qui touche plus que la moitié des autres employés, et moins que l'autre moitié. Soit 1.500 fois plus.

Des écarts élevés, même quand les salaires sont généreux 

Il apparaît, de manière assez logique, que les écarts les plus importants se retrouvent dans des entreprises qui opèrent dans des secteurs où nombre de salariés touchent bien souvent le salaire minimum : les caissiers dans la grande distribution, les vendeurs dans les magasins ou les serveurs dans les fast food.

C'est le cas des autres grands noms du top 10 : la chaîne de supermarchés Walmart, quatrième avec un écart de 1.133 (26 millions de dollars annuels contre 22.571). Gap, avec un ratio de 700 (16 millions contre 22.8000), ou encore Starbucks, avec un écart de 669 (21 millions contre 32.000 dollars), ferment la marche, respectivement 9e et 10e.

Pourtant certaines entreprises dont les salaires sont supposés être plutôt généreux présentent elles-aussi des ratios salaire le plus élevé/salaire médian impressionnants, à l'instar de Microsoft ou de JPMorgan. Le géant du logiciel, dont les ingénieurs ne doivent pas être payés au lance-pierre, présente ainsi le 15ème plus gros écart, de 615 points. Satya Nadella déclare en effet des revenus de 84 millions d'euros annuels, à comparer au pourtant très élevé salaire médian de 137.000 dollars.

Google et Facebook bons élèves

Dans la banque, Jamie Dimon, le patron de JPMorgan, et ses 27 millions annuel touche 424 fois plus que le salaire médian assez confortable de 65.000 dollars. Un écart largement plus élevé que celui établi chez Goldman Sachs, de 207 points (22 millions annuels pour Lloyd Blankfein, 107.000 dollars de salaire médian).

Il y a aussi des entreprises où le dirigeant est payé quasi autant voir moins que ses salariés. C'est par exemple le cas de Google, chez qui Larry Page ne touche qu'un dollar annuel, ce qui porte le ratio à 0. Chez Facebook, Mark Zuckerberg perçoit une somme un peu plus élevée (610.000 dollars par an), mais qui ne représente "que" quatre fois le salaire médian. Enfin Jeff Bezos, dont le groupe Amazon est souvent mis en cause pour la manière dont il traite ses salariés, fait ici figure de relativement bon élève: avec ses 1,7 million annuels, il est rémunéré "seulement" 15 fois plus que le salarié médian.

Glassdoor a réussi à se procurer les données sur le salaire médian, qui ne sont pas publiques, grâce aux utilisateurs de son site. Mais d'ici à 2017, elles seront connues de tous grâce à une nouvelle règle imposée à une majeure partie des entreprises cotées par le gendarme boursier américain. Pour tenter d'enrayer les inégalités salariales grandissantes, la SEC leur a imposé de publier ce ratio dans leur rapport annuel. L'AMF américain s'inquiétait en effet de l'explosion des rémunérations des patrons du privé, 300 fois supérieure à celle d'un salarié médian en 2013 contre... 20 fois en 1963.

N.G.