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Les Etats-Unis n'ont "pas la bonne méthode" face à la Chine, juge Jean-Baptiste Lemoyne

Invité sur BFM Business, le secrétaire d'État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, reconnaît que si la Chine ne respecte pas un certain nombre de règles internationales, la stratégie des Etats-Unis pour y remédier n'est pas non plus des plus judicieuses.

Dans le conflit commercial qui oppose la Chine aux Etats-Unis depuis plusieurs mois, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, estime que, tant du côté de Washington que de celui de Pékin, des efforts significatifs doivent être déployés pour l'enrayer.

Invité sur BFM Business ce mercredi, il souligne, en effet, que l''on ne peut pas décemment laisser la Chine ne pas rentrer dans les clous d'un certain nombre de règles internationales", mais que, dans le même temps, la réaction des Américains depuis le début des tensions, à coup de hausses successives de droits de douane, se révèle tout sauf judicieuse.

L'art et la (mauvaise?) manière

"On peut partager un diagnostic. En revanche nous sommes en désaccord sur les méthodes. Parce que le fait de vouloir taxer à qui mieux mieux tant les alliés que les rivaux, en mettant des droits de douanes à hauteur de 10 ou 25%, (…) n'est pas la bonne méthode", insiste Jean-Baptiste Lemoyne pour contester les sanctions infligées par les Américains sur les produits d'importation chinois.

Pour quelle raison? "Parce que du coup, cela crée de la défiance, c'est l'escalade", poursuit-il. "Et nous, nous sommes en tant que Français et Européens de fervents défenseurs d'un vrai multilatéralisme. (…) Le schéma, c'est quand même de dire que, si l'on veut qu'il y ait un contexte favorable aux entreprises, il faut qu'il y ait des règles qui soient partagées par tous et que ces règles puissent être respectées et que nous les fassions respecter", rappelle le secrétaire d'Etat.

Un besoin de réformer l'OMC

Sauf que ce contrôle passe par l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Or, cette instance est actuellement sujette à une paralysie sans précédent au niveau de sa gouvernance. Et la vision des Européens sur la guerre commerciale n'est que très faiblement prise en compte par les Américains.

"Il y a ce besoin de réforme, de refonte de l'organisation pour appréhender les défis du 21e siècle", concède Jean-Baptiste Lemoyne. Mais tant en ce qui concerne la mise à jour des règles de l'OMC, que sur des problématiques spécifiques inhérentes à chaque pays, le secrétaire d'Etat assure que l'Europe demeure et demeurera "force de propositions".

En attendant, les Américains rappellent régulièrement qu'ils n'hésiteront pas, le cas échéant, à quitter l'OMC compte tenu, selon eux, du manque d'efficacité de l'instance pour faire respecter l'équité entre les pays membres. L'OMC - qui arbitre tantôt en faveur des Etats-Unis, tantôt en faveur de la Chine - n'est jusqu'à présent pas parvenue à trancher les conflits entre les deux premières puissances mondiales.

J.C-H