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Immobilier: les Français se ruent-ils à Londres ?

Le quartier de South Kensington, à Londres, surnommé "la petite France".

Le quartier de South Kensington, à Londres, surnommé "la petite France". - Wikimedia - CC

En 2013 et en 2014, les étrangers qui ont acheté le plus de biens immobiliers à Londres sont des ressortissants français. Des maisons et des appartements plus chers que la moyenne et déclarés comme leur résidence principale.

L'attrait des Français pour Londres ne se limite pas à des virées dominicales. Pour la deuxième année consécutive en 2014, le réseau immobilier Knight Frank relève que, parmi les étrangers qui ont investi dans l'immobilier londonien, nos compatriotes sont les plus nombreux. 

Selon son président, Tom Bill, 5% des biens vendus en 2014 dans la capitale britannique l'ont été par des Français. Soit plus que les Italiens (4%), les Russes (4%), les Américains (3%), les Indiens (3%) et les Saoudiens (1%). Au total, les étrangers ont d'ailleurs représentés 42% des transactions immobilières des particuliers recensées l'an passé à Londres. 

Et de toute évidence ces Français qui accèdent à la propriété dans la cité du flamboyant Boris Johnson disposent de moyens financiers conséquents. D'abord parce que Londres figure parmi les villes les plus chères au monde. Mais surtout parce que, selon l'agence, leur logement londonien leur ont coûté en moyenne 3,2 millions de livres sterling, soit 4,4 millions d'euros. Un investissement très largement supérieur au prix moyen d'une habitation à Londres: 428.000 livres en moyenne (584 millions d'euros) selon l'Office for national statistics. Il dépasse même, et de loin, les moyennes des ventes dans les quartiers les plus huppés, publiés par le site de petites annonces Rightmove.

Elément d'explication: les acquéreurs français jettent leur dévolu sur des biens situés dans des secteurs très recherchés, même si ce ne sont pas les plus chers de Londres. Le premier est Kensington et South Kensington, qu'on appelle "la petite France". C'est là que se trouve le lycée français, et donc les familles françaises basées à Londres. En deuxième se tient Saint-John's Wood, un quartier moins francophone, mais extrêmement coté, situé tout près de la colline de Primrose dans le Nord de la ville, où Kate Moss possède une immense maison.

Qu'est-ce qui poussent ces Français à investir à Londres?

Tom Bill, de Knight Frank, affirme que les maisons et appartements achetées par les Français deviennent leur résidence principale, ce qui n'est pas le cas des Saoudiens ou des Russes qui souhaitent simplement disposer d'un pied-à-terre. Pour Catherine Mathieu, économiste à l'OFCE spécialiste de la Grande-Bretagne, il est possible que les Français ayant acheté à Londres comptent n'y passer que deux à trois ans, et qu'ils y voient un bon investissement. "Confrontés à la cherté des locations et conscients de la croissance constante des prix de l'immobilier, en dépit de la crise", ils achètent en espérant retirer une belle plus-value, quitte à revendre très vite.

"Les Français qui vont à Londres sont extrêmement actifs. Ce sont des entrepreneurs. Ils commencent par louer les trois, quatre, voire six premiers mois, le temps de trouver une acquisition", affirme pour sa part Laurent Demeure, le président du réseau immobilier Coldwell Banker en France. "Ils choisissent des lieux pour leur dynamisme, une fiscalité du patrimoine facile, un droit du travail aisé", continue-t-il, estimant qu'ils sont surtout alléchés par un impôt sur les sociétés "à 23% contre 33% en France".

Est-ce la preuve que l'exil fiscal se poursuit ?

Difficile de tirer une telle conclusion. Knight Frank ne donne aucun détail sur l'évolution dans le temps de ces données, et aucun chiffre en valeur absolue. Quant au nombre exact de Français vivant à Londres, il n'en existe aucun recensement précis, les ressortissants de l'Union européenne n'ayant, en effet, nulle obligation de notifier leur présence dans un pays membre. 

Nina Godart