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Les grands patrons britanniques gagnent 132 fois le salaire moyen

Mark Cutifani, DG d'Anglo American, s'est augmenté de 14% malgré les accidents qui ont coûté la vie à 11 employés et collaborateurs de son groupe l'an dernier.

Mark Cutifani, DG d'Anglo American, s'est augmenté de 14% malgré les accidents qui ont coûté la vie à 11 employés et collaborateurs de son groupe l'an dernier. - Rodger Bosch - AFP

Depuis 2015, la rémunération moyenne des dirigeants des principales entreprises cotées à Londres a néanmoins baissé de 17%.

Les salariés britanniques doivent travailler 132 ans pour gagner autant que ce qu'empoche en moyenne sur douze mois les dirigeants des cent plus grandes entreprises du Royaume-Uni.

Selon l'institut économique Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD) et le think-tank indépendant High Pay Centre, les patrons des groupes du FTSE-100, l'indice de référence de la Bourse de Londres, ont gagné en moyenne 4,5 millions de livres, soit 5,14 millions d'euros, en 2016, ce qui représente 132 fois la salaire annuel des salariés à temps plein au Royaume Uni.

Des écarts importants selon les entreprises

Dirigeant britannique le mieux payé, Sir Martin Sorell, qui dirige le géant de la publicité WPP, a émargé à 48 millions de livres annuels en 2016 (en baisse de 22 millions). Le directeur général de la compagnie minière Anglo American, Mark Cutifani, a lui bénéficié d'une augmentation de 14%, à 4 millions de livres, malgré les accidents qui ont coûté la vie à 11 employés et collaborateurs de son groupe l'an dernier.

La rémunération des grands patrons a néanmoins diminué de 17% par rapport à 2015, rapporte l'étude, qui pointe des écarts importants selon les entreprises. "Nous espérons que ce retournement marque le début d'une réflexion sur la façon dont les directeurs généraux sont payés, plutôt qu'une réaction de court terme à des pressions politiques", a déclaré Peter Cheese, le directeur du CIPD, dans un communiqué.

Renforcer le contrôle des actionnaires

La Première ministre Theresa May avait annoncé, dans son programme en vue des élections législatives de juin dernier, son intention de renforcer le contrôle des actionnaires sur les salaires des patrons et de faire entendre davantage la voix des salariés dans les conseils d'administration. Néanmoins, aucun calendrier n'a été annoncé en vue de telles réformes.

Le rapport pointe aussi la sur-représentation des hommes dans les fonctions de direction: parmi les directeurs généraux des cent plus grands groupes, on dénombre huit David, contre seulement six femmes. Et celles-ci gagnent 45% de moins que leurs homologues masculins (2,6 millions de livres annuels contre 4,7).

Les auteurs de l'étude pressent les entreprises d'adopter des règles pour minimiser les écarts de rémunération, sans attendre l'action du gouvernement. Ces règles "ne doivent pas être considérées comme des menaces ou des punitions, mais simplement comme un mécanisme pour améliorer l'équité au travail et éviter les effets démotivants d'écarts salariaux injustifiés", estiment-ils.

Nina Godart