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Les JO de Rio s'ouvrent dans un Brésil en pleine crise

La compétition s'ouvre dans un pays en crise économique sociale et politique. En récession depuis la fin 2014, avec un PIB en recul de 3,7% en 2015, le Brésil traverse l'une des périodes les plus difficiles de son histoire.

Ce vendredi 5 août 2016, à l'ouverture des JO, le monde entier aura les yeux tournés vers Rio et le Brésil qui accueillent la compétition en plein déprime. Lorsque la ville avait été choisie en 2009 par le CIO (comité international olympique) pour accueillir la compétition sportive la plus suivie de la planète, le Brésil était considéré comme l'étoile montante de l'économie mondiale.

Sept ans plus tard, tous les indicateurs économiques, ou presque, du pays sont au rouge. Après avoir connu une forte croissance de 3,5% par an sur la période 2003-2013, le Brésil est entré en récession depuis la fin 2014. Le PIB du pays a chuté de 3,7% en 2015. Pire, il devrait continuer à se contracter dans les mêmes proportions en 2016.

L’année 2015 s’est soldée avec un déficit public record de 10,2% du PIB et une envolée de la dette publique à 65,1% du PIB (contre 57% du PIB un an avant). Ce dérapage budgétaire "a valu au Brésil d’être dégradé en notation spéculative par deux des principales agences de notation fin 2015" rappelle une note du Trésor français. Les finances publiques du pays sont dans une situation critique, en lien avec la crise politique qui voit la présidente élue, Dilma Roussef, soumise à une procédure de destitution .

Tous les indicateurs économiques sont passés au rouge

Les raisons de cette crise économique sont multiples. La chute des cours des matières premières (soja, minerais, pétrole) a fortement pénalisé le pays dont plus de 50% des exportations sont constituées de ces produits issus de son sol.

Sur le plan interne, les moteurs de la croissance se sont progressivement éteints. "L’investissement a ainsi reculé de près de 15% en 2015 sous l’effet des crises aiguës, liées à l’affaire du Lava Jato, des secteurs de la construction et de l’énergie (Petrobras a été contraint de réduire de 40% ses investissements) mais aussi d’une nette dégradation de l’environnement macroéconomique" explique la note du Trésor français.

De même, la consommation des ménage s’est essoufflée en raison notamment de la hausse du chômage dont le taux est passé de 4,3% fin 2014 à 6,9% de la population active fin 2015. 

Le JO seront insuffisants pour relancer le pays

Dans un tel contexte récessif, le JO peuvent-ils permettre au Brésil de rebondir ? Les économistes de la banque Goldman Sachs, dans une note publiée fin juillet 2016, jugent que les 10 milliards de dollars (9 milliards d'euros) investis dans les infrastructures liées au JO et la logistique, sont insuffisants pour stimuler l'économie.

Qui dit accueil des Jeux Olympiques, dit investissement en infrastructures et retombées touristiques, mais "ces deux canaux n’apporteront à l’économie brésilienne que +0,05 point de croissance réelle du PIB en 2016" estime Daniela Ordonez, économiste chez Euler Hermes.

Les brésiliens eux-mêmes ne semblent pas prêts à s'enthousiasmer pour la compétition qui commence. L'avant-veille de l'ouverture des JO, le 3 août 2016, un cinquième des tickets étaient toujours en vente, et, fait rarissime, il en restait même pour les finales reines d'athlétisme du 100 et du 200 m...

F.Bergé