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Les marchés action insensibles à la guerre commerciale

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Après une toute première réaction en Asie, les marchés semblent ignorer les derniers développements de la guerre commerciale: ils jugent, en fait, que les événements restent sous contrôle

+0,7% pour le Dow Jones à New York. Une hausse de quasiment 0,3% pour le CAC40. Et des places asiatiques en net rebond, les marchés actions ont semblé totalement insensibles aux développements de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Des performances en apparence paradoxales. En apparence seulement, car les investisseurs ont de bonnes raisons de garder leur sang froid. D'abord, ils anticipaient depuis plusieurs jours l'offensive commerciale de la Maison Blanche contre la Chine. Vendredi, l’agence Bloomberg et le Washington Post révélaient les grandes lignes des sanctions commerciales décidées par la Maison Blanche. Lundi, l'annonce de Donald Trump n’a donc comporté aucune surprise, ni sur l’ampleur des sanctions (200 milliards de produits chinois importés soumis à de nouveaux tarifs douaniers) ni sur le taux d'imposition. On a même eu une bonne nouvelle sur ce point, puisque Washington a opté pour la progressivité: 10% applicables dès le 24 septembre, et 25% éventuellement à partir du 1er janvier 2019.

Le sentiment est le même dans l’analyse de la riposte de Pékin: 60 milliards de produits made in USA taxés, c’était le scénario anticipé par les marchés, mais là aussi les taux sont inférieurs à ce qui était attendu : 5 à 10%, moins que les 25% prévus par les experts. Pour les investisseurs, malgré leur fermeté affichée, américains et chinois retiennent leurs coups et laissent la porte ouverte aux négociations en vue de réduire le déficit commercial entre les deux pays.

Fondamentaux solides de l'économie US

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que la tendance de fond des marchés actions est à la hausse. Même si les volumes étaient faibles, cet été, les grands indices, surtout aux Etats-Unis, ont touché les sommets. Le Nasdaq, l’indice des nouvelles technologies en est le symbole, comme la barrière des 1000 milliards de dollars de capitalisation franchie par Apple puis Amazon. La tendance boursière est aussi portée par la santé de l’économie des Etats-Unis. Le pays a enregistré une croissance de 4,2% au deuxième trimestre cette année, les inscriptions hebdomadaires au chômage s’inscrivent sur des plus bas de 1969, la réforme fiscale de Donald Trump a apporté un surcroît de bénéfices de 200 milliards de dollars aux sociétés américaines opérant aux Etats-Unis.

Les marchés anticipent en permanence et sont déjà penchés sur 2019, ils commencent à prédire une très bonne année avec des résultats qui devraient progresser de 10% pour les sociétés du S&P 500, l’indice large de la bourse de New-York. Pour les opérateurs et les salles de marchés, le risque à court terme est maîtrisé, et les marchés actions restent attractifs. D’où cette vague d’optimisme qui reste malgré tout mesuré, chacun ayant bien en tête que le scénario peut changer très rapidement.

David DELOS