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Les marchés toujours fragiles au terme d'une nouvelle semaine noire

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- - ERIC PIERMONT - AFP

Les marchés mondiaux sont restés hésitants vendredi au terme d'une semaine fluctuante, peinant à s'accrocher à l'espoir suscité par la mobilisation massive des banques centrales et des gouvernements pour contrer les effets du coronavirus.

Les Bourses européennes ont bien poursuivi leur rebond de la veille: Paris est monté de 5,01% et Francfort de 3,70%. La progression a été moins forte à Londres, +0,76%, à Milan,+1,71% et à Madrid ,+0,74%. De leur côté, les taux d'emprunt des pays européens ont connu une détente généralisée. 

En revanche, Wall Street a de nouveau fini dans le rouge, achevant sa pire semaine depuis la crise financière de 2008. Le Dow Jones a perdu 4,55% vendredi, le Nasdaq 3,79% et le S&P 500 4,34%. Il avait encaissé lundi sa pire séance depuis octobre 1987, et termine vendredi sous le niveau auquel il évoluait le jour de l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, le 20 janvier 2017.

Sur la semaine, le Dow Jones a perdu 17,3%, le Nasdaq, a reculé de 12,6% et l'indice élargi S&P 500 a baissé de 15%. 

Une mauvaise nouvelle pour le locataire de la Maison Blanche, qui faisait jusqu'à récemment de la bonne santé de l'économie américaine et des marchés financiers un de ses principaux arguments de campagne.

Après un début de séance hésitant, les indices ont d'abord perdu du terrain quand le gouverneur de l'Etat de New York, Andrew Cuomo, a décrété l'arrêt de toutes les activités non essentielles, moins de 24 heures après des décisions similaires en Californie. De quoi freiner grandement l'activité de deux zones primordiales dans l'économie du pays.

De même, en dépit d'un démarrage positif, l'Asie n'a pas réussi à maintenir le cap, Tokyo en particulier, lesté par la déroute historique de Softbank. Les marchés actions ont enchaîné cette semaine les séances aux fluctuations intrajournalières fréquentes.

Les investisseurs ont assisté à un déluge d'annonces monétaires et budgétaires supplémentaires pour tenter d'éviter le pire des scénarios alors que les premiers impacts de l'épidémie sont déjà visibles. Avec pour conséquence directe de voir les déficits publics s'accroître, avec des dépenses ciblées pour soutenir les entreprises ou encore des dépenses de santé.

Un tableau économique sombre

Les marchés font face à un tableau économique peu réjouissant mais espèrent que les centaines de milliards promis par les banques centrales et les gouvernements porteront leurs fruits.

Le fait que le président américain Donald Trump vante jeudi le recours à la chloroquine, un antipaludéen, comme possible traitement pour le coronavirus, après des résultats encourageants en Chine et en France, leur a offert également un soutien.

Certains experts redoutent que la crise économique résultant de la pandémie soit pire que celle des "subprimes" de 2008. Si des poids lourds, comme Apple, disposent de trésoreries conséquentes, d'autres ne peuvent tenir que quelques mois sans rentrée d'argent du fait des confinements.

Pour éviter une crise de liquidités financières, plusieurs banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne, la Banque du Japon et celle d'Angleterre, ont annoncé vendredi une action coordonnée pour faciliter l'accès à des dollars.

"Nous avions déjà des taux (d'intérêts) proches de zéro (...) le problème n'est pas la liquidité" et les politiques de relance risquent de ne pas fonctionner parce qu'"à la fois l'offre et la demande sont brisées", Ian Goldin, un économiste de l'université d'Oxford qui avertissait dès 2015 sur les risques systémiques d'une pandémie.

L'urgence, préconise-t-il, est de donner un revenu de base à tous ceux qui ont "des revenus faibles ou pas de couverture médicale" et qui, s'ils sont infectés par la coronavirus, voudront continuer à travailler au risque de contaminer les autres.

Sur le marché des changes, l'euro repartait à la hausse face au dollar (+0,26% à 1,0694 dollar) après être tombé jeudi à son plus bas niveau en trois ans face à la monnaie américaine en perte de vitesse, après sa flambée des derniers jours.

Les cours du brut, fortement fragilisés par la crise, ont eux sombré vendredi en fin de journée. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a perdu un peu plus de 5% à 26,98 dollars et le baril américain de WTI pour avril, dont c'était le dernier jour de cotation, a chuté d'environ 11% à 22,53 dollars. Sur la semaine, il a abandonné près de 30%.

Sandrine Serais avec AFP