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Les prix baissent-ils vraiment en Europe?

Les prix ont encore baissé en janvier

Les prix ont encore baissé en janvier - Philippe Huguen - afp

L'inflation en zone euro a connu un nouveau plus bas depuis la création de la monnaie unique, avec -0,6% au mois de janvier, sur un an. Mais ce chiffre est-il réellement alarmant?

La chute continue. Une nouvelle fois les prix ont baissé en zone euro au mois de janvier dans la zone euro, à hauteur de -0,6% au mois de janvier en rythme annuel, selon Eurostat. Il s'agit du deuxième mois consécutif de baisse après celui de décembre où la zone euro avait déjà accusé une baisse de -0,2%.

Cette première estimation a par ailleurs surpris les analystes qui tablaient sur un chiffre à -0,5%. Faut-il néanmoins s'inquiéter de ce chiffre? A y regarder de plus près (voire graphe ci-dessous), la dégringolade des prix en zone euro s'explique avant tout par les prix de l'énergie.

Une bonne nouvelle pour la zone euro? 

Ces derniers ont ainsi accusé une baisse de 8,9% en janvier, soit encore plus qu'en décembre (-6,3%).

"Il s'agit avant tout d'un phénomène lié au prix de l'énergie. Les prix de l'énergie baissent. Or comme la plupart des pays européens sont importateurs d'énergie, il s'agit d'un prélèvement en moins pour eux. C'est même plutôt une bonne nouvelle", commente Benoît Heitz, économiste zone euro chez Société Générale. En excluant l'effet énergétique, les prix ont très légèrement progressé, à +0,4%, surtout tirés par l'augmentation des prix des services (+1,2%).

Source: Eurostat

La déflation pointe-t-elle vraiment le bout de son nez?

Devant ces mauvais chiffres, la Commission européenne a tenu à rassurer. Une de ses porte-parole, Annika Breidthardt, a assuré qu'il était trop tôt pour parler d'une déflation, c'est-à-dire une baisse générale des prix. "Il faut une baisse des prix généralisée, qu'il s'agisse des pays, des secteurs ou des catégories concernées, et qui s'auto-entretient", a-t-elle affirmé.

Un diagnostic que semble partager Benoît Heitz. "Cette baisse de 0,6% ne renforce absolument pas le risque de déflation, puisqu'au contraire cela renforce la demande". "Il est vrai qu'il y a un vrai ralentissement de l'inflation sous-jacente (l'inflation hors prix de l'énergie et alimentaire) qui est passé sous les 1%", concède-t-il. "Mais ce chiffre n'est pas un problème en tant que tel. Il souligne surtout la faiblesse de la demande. Il s'agit donc d'un symptôme et non du mal", ajoute-t-il.

Même constat chez Jonathan Loynes, économiste chez Capital Economics."Le ralentissement de l'inflation sous-jacente montre la faiblesse persistante de la demande en zone euro". Ainsi, si le spectre de la déflation ne frappe pas encore à la porte de la zone euro, celui de la récession reste en embuscade.

Julien Marion