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Les tempêtes coûtent de plus en plus cher à l'économie

Rue de la ville de Mytholmroyd (Angleterre), inondées par la tempête Ciara

Rue de la ville de Mytholmroyd (Angleterre), inondées par la tempête Ciara - OLI SCARFF / AFP

Alors que la tempête Ciara fait actuellement beaucoup de dégâts en Europe, la Banque mondiale souligne que les pertes dues aux catastrophes naturelles ont été multipliées par quatre au cours des 10 dernières années.

C'est un fait, le nombre de catastrophes naturelles est en forte hausse sur la planète, notamment les tempêtes, également plus nombreuses et plus sévères. On en compte ainsi une quinzaine en France depuis 2016 avec comme dernier épisode en date, Ciara qui traverse l'Europe depuis quelques jours.

Ces événements climatiques pèsent économiquement de plus en plus lourds. D'après la Banque mondiale, les pertes dues aux catastrophes naturelles s'élèvent à 200 milliards dollars par an au cours des 10 dernières années, c'est quatre fois plus que dans les années 80. Rien qu'en 2017, ces pertes ont été évaluées à 330 milliards de dollars par l'assureur Munich Re.

Toujours selon la Banque mondiale, près de 75% de ces pertes sont imputables à des phénomènes météorologiques extrêmes qui ont tendance à se multiplier à cause du dérèglement climatique. 

43,3 milliards de dollars de pertes pour la France entre 1998 et 2017

De son côté, le Bureau de l'ONU pour la réduction des risques de catastrophes (UNISDR) a publié une étude sur la répétition des catastrophes naturelles entre 1998 et 2017 et leur impact économique. Selon ses calculs, les pertes économiques ont été de 2.908 milliards de dollars sur la période, dont 77% des coûts sont liés à de phénomènes climatiques extrêmes, contre 1.313 milliards entre 1978 et 1997. L'UNISDR a d'ailleurs compté en moyenne 335 catastrophes naturelles par an de 1998 à 2017, soit 15% de plus par rapport à la période précédente.

Les inondations concernent 43% des catastrophes naturelles enregistrées entre 1998 et 2017, suivies des tempêtes à 28%.

Et la France fait partie du top 10 des pays les plus touchés économiquement avec des pertes en valeur absolue évaluées à 43,3 milliards de dollars sur la période. C'est moins que l'Allemagne (57,9 milliards) ou l'Italie (56,6).

Si les pertes sont en valeurs absolues les plus importantes dans les pays industrialisés (Etats-Unis, Chine, Japon, Inde), c'est notamment parce que l'urbanisation y est forte et donc les dégâts plus nombreux. 

Mais si on considère la part de PIB perdu chaque année, ce sont évidemment les pays les plus pauvres qui sont les plus impactés avec Haïti en première place qui a perdu en moyenne 17,5% de sa richesse nationale chaque année suivi de Porto Rico (12,2%) et de la Corée du Nord (7,4%).

Des primes d'assurance qui s'envolent

En 2018, les tempêtes Carmen et Eléonore qui avaient traversé l'Hexagone avaient à elles seules coûté 200 millions d'euros de dommages assurés et provoqué 150.000 sinistres.

Pour les assureurs, le coût des dédommagements flambe. En 2017, d'après les chiffres publiés par la Fédération française de l'assurance (FFA), la facture pour le secteur s'est élevée à 3 milliards d'euros, soit 13% de plus qu'en 2016. La FFA met en avant un cycle d'accentuation des sinistres climatiques sur la période 2009-2017 avec une moyenne annuelle des dégâts de 2,4 milliards d'euros contre 1,8 milliard d'euros par an en moyenne pour le cycle précédent.

Ce qui provoque mécaniquement la hausse des primes payées par les assurés avec des augmentations de 2 à 3% par an. Augmentations qui pourraient passer à 4 ou 5% par an dans les zones les plus touchées, compte tenu de la multiplication de ces événements.

Olivier Chicheportiche