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L'incertitude persiste pour le trafic aérien en Europe

A l'aéroport de Sofia. Le trafic aérien est resté paralysé dimanche pour la quatrième journée consécutive dans une grande partie de l'Europe, bien que des vols d'essai opérés avec des avions vides n'aient révélé aucun signe de dommages et donnent donc des

A l'aéroport de Sofia. Le trafic aérien est resté paralysé dimanche pour la quatrième journée consécutive dans une grande partie de l'Europe, bien que des vols d'essai opérés avec des avions vides n'aient révélé aucun signe de dommages et donnent donc des - -

par Ralph Gowling LONDRES - Le trafic aérien est resté paralysé dimanche pour la quatrième journée consécutive dans une grande partie de l'Europe,...

par Ralph Gowling

LONDRES (Reuters) - Le trafic aérien est resté paralysé dimanche pour la quatrième journée consécutive dans une grande partie de l'Europe, bien que des vols d'essai opérés avec des avions vides n'aient révélé aucun signe de dommages et donnent donc des raisons d'espérer.

Les ministres des Transports de l'Union européenne examineront lundi les résultats de ces tests pour déterminer s'il est possible de reprendre les vols en dépit des cendres que continue de projeter un volcan islandais, a indiqué leur collègue britannique Andrew Adonis.

Les particules abrasives en déplacement dans la haute atmosphère peuvent endommager les fuselages et les moteurs des avions, ainsi que leurs composants électroniques.

British Airways et la compagnie irlandaise Aer Lingus ont mis en évidence l'incertitude qui règne dans l'immédiat en annulant la totalité de leurs vols prévus lundi.

La compagnie néerlandaise KLM a fait savoir que l'inspection d'un avion de ligne après un vol d'essai n'avait fait apparaître ni dégâts sur les moteurs ni traces de concentrations de cendres dangereuses. L'allemande Lufthansa a elle aussi fait état de tests qui n'ont pas révélé de problèmes.

Air France a annoncé que son premier vol d'évaluation s'était "déroulé dans des conditions normales" entre les aéroports de Paris-Charles de Gaulle et Toulouse-Blagnac.

MINISTRES DE L'UE EN VIDÉOCONFÉRENCE LUNDI

L'Association des pilotes néerlandais a dit estimer, à l'instar d'organisations similaires, qu'une reprise partielle des vols était possible malgré la persistance des projections de cendres en provenance du volcan islandais, situé sous le glacier Eyjafjallajokull. Le volcan est entré en éruption mercredi.

"La concentration de particules dans l'atmosphère est selon toute probabilité si faible qu'elle ne menace pas le transport aérien", a dit Evert van Zwol, président de l'association.

La présidence espagnole de l'UE a décidé de réunir lundi en vidéoconférence les ministres des Transports de l'Union.

Au fil de la journée de dimanche, les avions sont restés cloués au sol dans une bonne partie de l'Europe, posant un problème grandissant aux entreprises - à commencer par les compagnies aériennes, qui passent pour perdre 200 millions de dollars par jour - et à des milliers de voyageurs dans le monde.

Eurocontrol, l'agence européenne pour la sécurité du trafic aérien, ne prévoyait que 4.000 vols dimanche dans l'espace aérien européen, contre 24.000 en temps normal. Elle a précisé que 63.000 vols y avaient été annulés depuis jeudi.

De nombreux pays, dont l'Autriche, la France, la Grande-Bretagne, le Danemark et la Suède, ont fermé entièrement ou partiellement leur espace aérien jusqu'à lundi, voire mardi.

Les aéroports russes sont restés ouverts et des avions en partent pour l'Amérique du Nord via le pôle Nord pour éviter le nuage, dont les météorologues prévoient qu'il ne se déplacera guère avant plusieurs jours.

Six aéroports polonais, dont celui de Varsovie, ont rouvert dimanche, a indiqué l'autorité de l'aviation civile du pays.

On s'attend à ce que le nuage gagne en densité mardi et mercredi, ce qui représenterait un risque accru pour le trafic aérien mais limiterait du même coup la zone de danger. Une réorientation des courants aériens pourrait l'écarter de la plus grande partie de l'Europe à compter de jeudi.

AÉROPORTS DU NORD DE LA FRANCE FERMÉS JUSQU'À MARDI

En France, les aéroports français situés au nord d'une ligne Bordeaux-Nice resteront fermés au moins jusqu'à mardi 08h00 en raison du nuage de cendres volcaniques venu d'Islande, a annoncé François Fillon dimanche.

Des avions sans passagers seront envoyés sur les aéroports situés au sud de cette ligne pour assurer un trafic le plus important possible dans les prochains jours, a précisé le Premier ministre français après une réunion ministérielle. Il a ajouté que "les conditions météorologiques laissent penser que la situation sera encore difficile pendant plusieurs jours".

Air France compte assurer sept vols long-courriers lundi au départ de Toulouse et de Pau si les conditions météorologiques le permettent.

La compagnie irlandaise à bas coût Ryanair a annulé quant à elle tous ses vols à destination et au départ de l'Europe du Nord jusqu'à mercredi en milieu de journée.

En Allemagne, les compagnies Lufthansa et Air Berlin ont reproché aux autorités du transport aérien de ne pas prendre assez en compte les résultats de leurs vols d'essai. Mais en Grande-Bretagne, l'Autorité de l'aviation civile a mis en doute la valeur scientifique des vols-tests.

Jamais depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington le trafic aérien n'avait été aussi perturbé.

Le nuage de cendres a aussi eu des conséquences diplomatiques, bon nombre de dirigeants ayant annulé leur participation aux obsèques de l'ancien président polonais Lech Kaczynski, dimanche à Cracovie. Le président américain Barack Obama, son homologue français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont dû renoncer à se rendre en Pologne.

L'impact des perturbations aériennes se fera de plus en plus sensible si elles se prolongent. Les économistes maintiennent actuellement leurs prévisions de croissance pour l'Europe. Mais au cas où les cendres du volcan islandais resteraient dans l'atmosphère des mois durant, le manque à gagner ne serait-ce qu'en tourisme et voyages retrancherait à lui seul un à deux points au taux de croissance local, estime l'un d'eux.

Bureaux de Londres, Genève, Dublin, Paris, Amsterdam, Bruxelles, Reykjavik, Washington, Francfort et Berlin; Jean-Stéphane Brosse et Philippe Bas-Rabérin pour le service français