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La BCE prête à racheter de la dette

Mario Draghi devrait encore choisir de temporiser ce jeudi 8 novembre

Mario Draghi devrait encore choisir de temporiser ce jeudi 8 novembre - -

Le président de l’institution européenne, Mario Draghi, a livré une analyse pessimiste de l’économie européenne, ce jeudi 8 novembre. Dans ces conditions, la BCE est "prête à agir" en lançant son programme de rachats de dette.

C’est un tableau noir de l’économie européenne qu’a dressé Mario Draghi, ce jeudi 8 novembre. "La croissance de la zone euro restera faible",a ainsi déclaré le président de la Banque centrale européenne, soulignant que les dernier indicateurs de production industrielle "ne montre pas d’amélioration" et que les risques pour la conjoncture "sont baissiers". Mario Draghi a même laissé entendre que la BCE pourrait réviser à la baisse ses propres prévisions de croissance, le mois prochain.

Dans ces conditions délétères, Mario Draghi a subtilement dit "que la BCE est prête à agir",c’est-à-dire lancer son programme de rachats de dette des pays en difficulté, baptisé OMT (Outright Monetary Transaction).

Le président de la BCE envoie ainsi un signal aux Etats fragiles de la zone euro, l’Espagne et l’Italie en tête. Il s’est toutefois défendu de vouloir décider à leur place : "La balle est dans le camp des Etats", a-t-il plusieurs fois répété. "C’est à eux et à eux seuls de décider".

"Mario Draghi ne peut appeler ouvertement un Etat à avoir recours aux OMT, le risque de réprésailles politiques serait énorme", analyse Gilles Moëc, co-chef économiste de la Deutsche Bank, dans l'émission Intégrale Bourse de BFM Business. L'économiste pense que la BCE table davantage sur la pression des marchés pour pousser l'Espagne à solliciter son aide.

Pour rappel, les pays de la zone euro ne peuvent bénéficier des OMT que s’ils en font la demande à la BCE, et ont auparavant fait appel au fonds de secours européen, le MES (Mécanisme européen de stabilité). Ce qui n’est le cas d’aucun Etat à l’heure actuelle.

L'inflation sous les 2% en 2013

Autrement, la BCE n’avait pas de nouvelles mesures de soutien à annoncer, et a, en ce sens, gardé son principal taux directeur inchangé à 0,75%. "Mario Draghi ne semble pas pressé de prendre des mesures supplémentaires", observe Gilles Moëc. Ce dernier note un lapsus de la part du patron de la BCE. Interrogé sur de possibles actions au mois de décembre, Mario Draghi a répondu qu'il n'envisageait pour le moment rien pour le début de l'année prochaine, oubliant complètement la prochaine réunion de la BCE, au mois de décembre.

Mais Mario Draghi a donné une toute petite indication qui pourrait nourrir les spéculations sur une future baisse des taux. Il a affirmé qu’"il est probable que l'inflation reste supérieure à 2% pour le restant de l'année 2012". Mais "elle devrait tomber sous ce niveau dans le courant de l'année prochaine". Ce qui donnerait un tout petit peu de marge de manœuvre à la BCE pour décider de diminuer ses taux directeurs.

Concernant le dossier grec, Mario Draghi a salué l’adoption par le Parlement grec de nouvelles mesures d’austérité. "C'est une étape très importante que le gouvernement grec et les citoyens grecs ont franchi. Cela représente réellement un progrès par rapport à ce qu'était la situation il y a quelques mois".

Le titre de l'encadré ici

|||La Banque d'Angleterre, un "laboratoire" pour la BCE ?

La Banque d'Angleterre (BoE) a également maintenu inchangé son principal taux directeur à 0,50% ce jeudi. Elle a aussi mis en pause son programme de rachats d'actifs, mesure exceptionnelle qu'elle a lancé il y a plus de deux ans.

Pour Gilles Moëc, co-chef économiste de la Deutsche Bank, la BoE est dans une position "moins confortable", que la BCE. Cette dernière ne voit pas de signes fortement inflationniste. "Au contraire de la Banque d'Angleterre qui a prise des mesures hétérodoxtes depuis plus de deux ans et qui commence à buter sur une inflation résistante".

Pour lui la situation de la BoE peut "servir de laboratoire pour les autres banques centrales", notamment pour la BCE.

Le titre de l'encadré ici

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De nouveaux billets de banque

En marge de sa conférence, la BCE a annoncé le lancement d’une deuxième série de billets de banque en euro à partir de mai 2013. Le premier billet à être introduit sera un nouveau billet de cinq euros. Les autres billets suivront, sur plusieurs années, tandis que les billets existants seront retirés de la circulation peu à peu.

Julien Marion