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François Hollande veut un objectif de change pour l'euro

François Hollande s'adresse au Parlement européen, ce mardi 5 février.

François Hollande s'adresse au Parlement européen, ce mardi 5 février. - -

Devant les eurodéputés, le chef de l'Etat français a livré sa "vision de l'Europe", ce mardi 5 février. Il a ainsi plaidé pour une politique commune de change, au sein de la zone euro.

Deux jours avant un sommet de l’Union européenne, qui s’annonce tendu, François Hollande s’est exprimé devant les eurodéputés, au Parlement de Strasbourg. Après une introduction qui l’a vu répéter inlassablement la formule "je m’adresse à vous", rappelant étrangement le fameux "Moi, président de la République", François Hollande est entré dans le vif du sujet. 

Il a ainsi évoqué un dossier brûlant: l’euro fort, en prenant une position forte, qui tranche avec celle d’Angela Merkel, la chancelière allemande. Déplorant que "l'Europe laisse sa monnaie l'euro vulnérable à des évolutions irrationnelles dans un sens ou dans un autre", François Hollande a ainsi plaidé pour "une politique de change commune" au sein de la zone euro.

Quelques heures plus tard, il est allé plus loin, affirmant, lors d’une conférence de presse, qu’il souhaite que la zone euro se dote d'un objectif de change: "Nous devons nous déterminer sur le moyen terme sur un niveau de change qui nous paraît le plus réaliste, le plus compatible avec l'état notre économie réelle", a-t-il ainsi précisé.

Et le président de la République n’a pas manqué de souligner les politiques menées par les rivaux commerciaux de l'union monétaire. "Certains pays comme les Etats-Unis ou comme la Chine utilisent aussi leur taux de change à des fins de soutien de leur propre croissance, donc nous devons agir au niveau international pour que nous puissions faire valoir nos propres intérêts", a-t-il expliqué.

L'euro s'est fortement apprécié ces derniers jours par rapport au dollar et aux autres grandes devises mondiales, provoquant des inquiétudes dans les milieux industriels français, qui ont été relayées par des responsables politiques.

La pique adressée à David Cameron

François Hollande s'est aussi exprimé sur le budget européen et les négociations qui ont lieu autour de ce sujet. Et, comme on pouvait l’imaginer, il s’est largement démarqué de ses voisins allemands, mais aussi britanniques.

"L'intérêt national est en train de prendre le pas sur l'intérêt européen", a-t-il prévenu. "S'il est vrai que la crise de la zone euro est désormais largement derrière nous, nous sommes loin d'en avoir tiré toutes les conséquences. Ce qui nous menace, n'est plus la défiance des marchés, mais celle des peuples".

La pique envers le Premier ministre britannique David Cameron, elle, ne s’est pas faite attendre très longtemps. "Il faudra raisonner ceux qui veulent amputer le Budget européen au-delà de ce qui est raisonnable dans les coupes. (…)faire des économies oui, affaiblir l'économie non !" s’est-il exclamé, largement applaudi par l’assemblée.

Pour cela, François Hollande compte s’appuyer sur quatre principes : "un niveau de dépenses qui préserve les politiques communes", une "politique de cohésion pas seulement pour les pays bénéficiaires mais pour l'ensemble de l'Europe", une "politique agricole qui permet de renforcer une industrie précieuse" et de "respecter l'environnement" et enfin un "cadre financier qui doit prolonger le pacte de croissance"

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