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L'opposition remporte les législatives en Hongrie

Sympathisants du Fidesz, dans les rues de Budapest. Le parti de centre droit est sorti largement en tête du premier tour des législatives en Hongrie avec 52,8% des voix tandis que les socialistes du MSZP, au pouvoir, ne remportaient que 19,3%, selon le dé

Sympathisants du Fidesz, dans les rues de Budapest. Le parti de centre droit est sorti largement en tête du premier tour des législatives en Hongrie avec 52,8% des voix tandis que les socialistes du MSZP, au pouvoir, ne remportaient que 19,3%, selon le dé - -

par Krisztina Than et Gergely Szakacs BUDAPEST - Le parti de centre droit Fidesz est sorti largement en tête du premier tour des législatives de...

par Krisztina Than et Gergely Szakacs

BUDAPEST (Reuters) - Le parti de centre droit Fidesz a largement remporté le premier tour des législatives de dimanche en Hongrie, avec 52,8% des voix, selon le décompte de 99% des bulletins.

Les socialistes du MSZP, au pouvoir, ne remportaient quant à eux que 19,3%, talonnés par le parti d'extrême droite Jobbik, crédité de 16,7%.

Cela signifie que cette dernière formation disposera pour la première fois de sièges au Parlement, de même que les libéraux verts du LMP, qui reçoivent 7,42% des voix.

Selon la commission électorale, le Fidesz, qui depuis huit ans était dans l'opposition, s'arrogerait 206 sièges sur 386 dès le premier tour du scrutin, contre 28 pour les socialistes, sévèrement battus.

Le chef de file du Fidesz et futur Premier ministre, Viktor Orban, a revendiqué la victoire et estimé que les Hongrois avaient voté contre "l'absence d'espoir".

"Les Hongrois ont voté pour la Hongrie et son avenir. Aujourd'hui, les Hongrois ont triomphé de l'absence d'espoir. Je sens dans mes nerfs et je sais dans mon coeur que je suis face à la plus grande tâche de mon existence. J'aurai besoin de tout le peuple hongrois pour la surmonter", a déclaré Orban.

Les socialistes ont reconnu leur défaite.

"Si les résultats ne changent pas, alors une chose est évidente: le Parti socialiste hongrois a perdu la possibilité de gouverner, mais il n'a pas perdu, et compte bien saisir, la possibilité d'être le premier parti d'opposition", a déclaré la présidente du parti, Ildiko Lendvai.

Le président hongrois Laszlo Solyom a pris acte de l'issue du scrutin. "Ces résultats bouleversent radicalement le paysage politique hongrois. Que le parti vainqueur s'assure d'un mandat aussi large et clair que les chiffres l'indiquent est sans précédent", a-t-il estimé.

Le Jobbik disposerait pour l'instant de 26 sièges, et le LMP de cinq. Lors du second tour le 25 avril, les 121 sièges restants seront attribués.

Les ultra-nationalistes du Jobbik ont mené durant leur campagne une offensive contre la minorité tzigane, surtout présente dans le nord-est du pays, accusée d'être en grande partie responsable de la criminalité.

L'ORGANISATION DU SCRUTIN CONTESTÉE

Les opérations de vote se sont achevées plus tard que prévu, la commission électorale ayant annoncé qu'une poignée de bureaux de vote restaient ouverts après 17h00 GMT car de nombreux électeurs y faisaient encore la queue.

Mécontents, certains votants ont dénoncé une mauvaise organisation, tandis que le Fidesz a appelé le chef de la commission électorale à démissionner.

"Le gouvernement s'est planté une nouvelle fois, il n'a même pas réussi à organiser cela sans scandale. Malheureusement, on peut dire qu'ils mettent les points sur les i après huit années de gouvernance", a déclaré le vice-président du Fidesz, Lajos Kosa, cité par l'agence de presse MTI.

Selon des analystes, cet incident pourrait entraîner des contestations, mais le résultat final n'a que peu de chances d'en être affecté.

Le Fidesz, quand il était aux affaires, a pu profiter d'une économie florissante et de l'investissement étranger. La situation économique est radicalement différente aujourd'hui.

L'économie hongroise s'est contractée de 6,3% l'an dernier et tout laisse à penser qu'elle stagnera cette année. Le taux de chômage atteint 11,4%, au plus haut depuis 1994.

Le Fidesz a promis de créer un million d'emplois en dix ans, de favoriser le crédit et d'aider les petites entreprises, tout en réduisant la fiscalité. Les Hongrois attendent de lui une amélioration de leurs conditions de vie et de leur pouvoir d'achat, mis à mal ces dernières années.

Le Fidesz, qui a dirigé la Hongrie entre 1998 et 2002, a fait campagne sur les réductions d'impôt, la création d'emplois et l'appui aux PME pour relancer une économie mal en point.

Le Fidesz pourrait même obtenir une majorité des deux tiers des sièges à l'assemblée qui lui permettrait de lancer d'ambitieuses réformes structurelles.

Ces élections législatives, dans un pays confronté à la récession économique, sont les sixièmes depuis la chute du communisme en 1989.

Une majorité des deux tiers en sièges - au moins 258 élus - permettrait au Fidesz de faire adopter pendant les quatre ans du mandat parlementaire des lois structurelles visant notamment à réduire les effectifs de l'administration, voire à remanier la constitution adoptée après la chute du communisme.

Jean-Stéphane Brosse, Jean-Loup Fiévet et Gregory Schwartz pour le service français