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Macron plaide pour un partenariat euro-chinois équilibré

Emmanuel Macron et Xi Jinping.

Emmanuel Macron et Xi Jinping. - Yoan VALAT / POOL / AFP

Pour la deuxième journée de la visite d'Etat du président Chinois, Emmanuel Macron a défendu un partenariat bâti sur un "cadre loyal et équilibré". D'importantes commandes ont également été annoncées.

A la veille d'une réunion euro-chinoise inédite à Paris, Emmanuel Macron a défendu lundi auprès du président Xi Jinping un "partenariat euro-chinois fort" bâti sur un "cadre loyal et équilibré" sur fond d'inquiétudes grandissantes face aux investissements tous azimuts de Pékin. Déjà au menu du conseil européen à Bruxelles la semaine dernière, la question d'un rééquilibrage des relations entre l'Union européenne et le géant asiatique agite Paris, Berlin et
Bruxelles qui depuis plusieurs mois tentent de mettre en place une stratégie commune européenne, non sans difficulté.

Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui s'entretiendront avec le président chinois mardi à l'Elysée, doivent en effet composer avec des initiatives bilatérales en ordre dispersé, qu'il s'agisse de la question des télécoms ou des "nouvelles routes de la soie".

Multilatéralisme fort et efficace

"La visite d'Etat du président chinois intervient à un moment où l'Union européenne est à l'heure des choix", a déclaré Emmanuel Macron devant la presse à l'Elysée à l'issue de son entretien avec Xi Jinping. Le partenariat euro-chinois "doit être défini sur des bases claires, exigeantes et ambitieuses", a-t-il poursuivi. Il passe par la "construction d'un multilatéralisme fort et efficace avec en son centre l'action pour le climat et la biodiversité, par la mise en place d'un partenariat économique et commercial
respectueux de nos intérêts mutuels et bâti sur un cadre loyal et équilibré".

Il doit également se traduire par des coopérations "sur des projets concrets en pays tiers le long des routes de la soie dans le respect des pays traversés et des normes internationales", a ajouté Emmanuel Macron, réaffirmant la ligne de Paris sur ce projet pharaonique lancé en 2013.

Nouveau type de relation

A ses côtés, Xi Jinping a estimé que l'Europe était un "pôle majeur dans ce monde multipolaire et l'un des partenaires les plus importants de la Chine". "La Chine attache une grande importance aux relations sino-européennes", a-t-il souligné, et "entend travailler ensemble avec l'Europe dans la construction d'un nouveau type de relation internationale". "Nous voulons que notre développement profite aux autres aussi", a assuré Xi Jinping. "C'est le cas de l'initiative ("des nouvelles routes de la soie"), nous voulons réaliser un développement marqué par la consultation, la coopération et les bénéfices pour tous."

Connu en Chine sous le nom de "Belt and Road initiative" (BRI), ce projet est un vaste plan de développement des liens terrestres et maritimes entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe. Plusieurs pays de l’UE, dont la Croatie, la Hongrie, la Grèce, la Pologne et le Portugal, ont d’ores et déjà conclu des protocoles d’accord avec Pékin dans le cadre de cette initiative, rejointe samedi par Rome et à laquelle Paris, Berlin et Londres refusent d’adhérer sans garanties de "réciprocité".

La France, a indiqué Xi Jinping à l'issue de son entretien avec Emmanuel Macron, a réaffirmé sa volonté "d'accueillir favorablement les investissements des entreprises chinoises en France et s'est engagée à leur offrir un climat d'affaires équitable, ouvert et non discriminatoires, ce que nous saluons". "Les deux parties ont décidé de faire avancer de manière coordonnée leur coopération sur l'initiative BRI et leur partenariat en marché tiers", a-t-il ajouté sans donner plus de détails.

300 Airbus, deux contrats pour EDF

Au total, une trentaine d'accords régaliens et commerciaux de "plusieurs milliards d'euros" ont été conclus dans les domaines de l'aéronautique, de l'agroalimentaire, de l'énergie et de la culture.

Très attendu, un accord entre Airbus et la China Aviation Supplies Holding Company (CASC) portant sur l’acquisition de 290 appareils de la famille A320 et de dix A350 a été notamment signé. Cette commande, qui avait été annoncée en janvier 2018 par Emmanuel Macron à Pékin, portait initialement sur 184 Airbus.

EDF va par ailleurs investir environ un milliard d'euros dans deux projets de parc éolien en mer de Chine au large de la province du Jiangsu, au nord de Shanghai pour une capacité totale de production de plus de 500 mégawatts. EDF a en parallèle signé un contrat pour l'exploitation du réseau de chaleur et de climatisation d'un quartier de la ville de Wuhan (centre du pays). Selon l'Elysée, ce contrat s'élève à environ 100 millions d'euros.

Paris et Pékin se sont également mis d'accord sur le principe d'une levée de l'embargo visant depuis 2015 les exportations de volailles françaises.

Centre Pompidou à Shanghaï

Sur le plan de la coopération culturelle, l'ouverture "à l'automne" d'un centre Pompidou à Shanghai a été officialisée à l'occasion de cette visite qui marque le 55e anniversaire des relations diplomatiques entre Paris et Pékin.

Sur le volet du climat, "un cap a été franchi", selon l'Elysée, qui cite notamment la mention "inédite" de "la réorientation des flux financiers vers la lutte contre le changement climatique".

Au-delà des sujets bilatéraux et multilatéraux, la question des droits de l'homme, notamment la situation des Ouïghours - minorité musulmane et turcophone persécutée selon les ONG - a été abordée lors de l'entretien bilatéral. La France exprime "les préoccupations qui sont les nôtres et celles de l'Europe sur la question du respect des droits fondamentaux en Chine et sur plusieurs cas individuels sur lesquels nous avons discutés ensemble", a dit Emmanuel Macron aux côtés de son homologue. "Nous avons eu sur ce sujet des échanges francs (...) qui doivent nous permettre des avancées concrètes."

La rédaction avec Reuters