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"Mario Draghi a complètement échoué sur l'inflation" tacle Didier Saint-Georges (Carmignac)

Didier Saint-Georges, membre du comité d'investissements de Carmignac, juge avec sévérité le bilan du président de la Banque centrale européenne.

Mario Draghi s'apprête à quitter la Banque centrale européenne. Le patron de la BCE sera remplacé le 1er novembre prochain par Christine Lagarde et tiendra sa dernière conférence ce jeudi. L'occasion évidemment de tirer un bilan de son activité à la tête de l'institution monétaire depuis 2011. Didier Saint-Georges, membre du comité d'investissements du gestionnaire de fonds Carmignac, invité ce mercredi sur BFM Business dans l'émission "12H, L'Heure H", a de son côté un avis assez tranché sur la question.

"Inévitablement, j'ai le souvenir du discours équivalent (lors de son départ de la BCE, NDLR) que Jean-Claude Trichet avait porté lorsqu'il avait fait ses adieux au music-hall. C'était assez intéressant parce que lui, formellement, il disait: 'j'ai remplis mon mandat parce que l'inflation était à 1,8%'. Exactement dans le mandat de la BCE. Mario Draghi, il a complètement échoué sur ce mandat. En revanche, il est perçu comme ayant réussi sur un mandat qui était implicite, à savoir maintenir un minimum de cohésion de la zone euro", explique Didier Saint-Georges.

Le défi s'annonce compliqué pour Christine Lagarde, estime le spécialiste. "Il reste assez illusoire de vouloir récupérer la satisfaction du mandat sur l'inflation parce que les causes des pressions déflationnsites vont bien au-delà de ce que pourrait faire une politique monétaire européenne. En revanche, malheureusement, la question de la cohésion de la zone euro reste entière. Donc il va falloir faire d'avantage".

Situation très délicate pour Christine Lagarde

Pour Didier Saint-Georges, la Française doit se garder d'adopter strictement la ligne tracée par Mario Draghi. Il "s'en va à un moment qui offre une situation très délicate pour Christine Lagarde. Faire juste la même chose, non seulement on peut se rendre compte que ça n'a plus d'impact, (plus) vraiment de traction sur l'économie. Deuxième chose, ça commence même à avoir un impact paradoxalement négatif parce qu'on voit bien que les taux négatifs, les taux réels sont très pénalisants pour le secteur bancaire et l'assurance. Donc on voit bien que ça finit par être contre-productif, pas seulement inefficace. Et en plus de cela, de toutes façons, les règles que la BCE s'est créée pour elle même empêchent d'aller plus loin".

Et de trancher: "donc Christine Lagarde va devoir, presque dans les six premiers mois, obtenir de changer ces règles là pour pouvoir aller plus loin. Elle va alors s'opposer aux membres de la BCE plus réfractaires à un assouplissement qui aille au-delà des normes classiques".

Olivier Chicheportiche