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Même avec un accord, "l'économie britannique ne reviendra pas sur des taux de croissance de 3%"

Que l'accord sur le Brexit passe ou non l'étape du Parlement britannique, les conséquences néfastes sur l'économie britannique de cette interminable négociation sont déjà lourdes et vont perdurer.

Récession technique à la fin de l'année, hausse de 4% des salaires sans augmentation de la productivité, pénurie de main d'oeuvre, attractivité... Les conséquences négatives de l'incertitude liée au Brexit sur l'économie britannique sont déjà lourdes et vont perdurer, que l'accord trouvé avec l'Union européenne soit entériné ou non pas le Parlement britannique.

C'est la conclusion de la dernière étude d'Euler Hermes sur la question, détaillée par Ana Boata, économiste senior en charge de l'Europe chez l'assureur, qui était invitée ce vendredi sur BFM Business dans l'émission Good Morning Business.

"On voit clairement un taux de chômage au plus bas historique: 3,8%, donc clairement (une) bonne nouvelle. Mais c'est aussi dû au fait qu'il y a eu une pénurie de main d'oeuvre", explique Ana Boata. "Le marché du travail britannique est moins attractif, surtout en face de l'incertitude qui va avec cette sortie", ajoute-telle, précisant que depuis 2016, il y a "une baisse de 20% des flux entrants de travailleurs européens au Royaume-Uni".

Les investissements étrangers divisés par trois

Une baisse compensée par des travailleurs non-européens ? "En fait pas du tout", souligne l'économiste. Les flux "ont aussi baissé de 2%". Conclusion, "oui", l'économie britannique va perdre en productivité, en compétitivité.

"Il y a plusieurs études, par exemple de la Banque d'Angleterre, qui nous montrent que cette productivité est à la baisse depuis le référendum, tout simplement parce que le Brexit occupe du temps, des fonctions clés. Un directeur financier passe en moyenne 3 heures par semaine pour préparer le Brexit", détaille-t-elle. 

Reste que cet accord constitue à court terme un ballon d'oxygène: "qu'on aura un deal qui est ratifié ou pas ou une extension technique qui va permettre d'avoir un deal, à mon avis l'incertitude elle est moindre. (...) On peut voir un peu plus d'investissements parce que depuis deux ans, l'investissement se contracte, un petit peu plus d'attractivité de flux entrants de l'étranger car aujourd'hui les investissements étrangers ont été coupés par trois". 

Mais pour Ana Boata, "après la transition, si ça se passe d'une façon soft, on ne reviendra pas sur des taux de croissance de 3% (car) c'est quelque chose qui a duré beaucoup trop longtemps et ça va encore durer..." 

Olivier Chicheportiche