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Merkel ouvre la porte à la création d'un budget de la zone euro

Angela Merkel accepte de "parler d'un budget de la zone euro"

Angela Merkel accepte de "parler d'un budget de la zone euro" - Patrick KOVARIK / AFP

La chancelière allemande s'est même dit prête à envisager la nomination d'un "ministre européen des Finances".

La chancelière allemande Angela Merkel a affirmé ce jeudi à l'Élysée qu'elle n'avait "rien contre un budget de la zone euro" et qu'"on peut parler" d'un "ministre européen des Finances", interrogée sur des propositions du président français Emmanuel Macron.

"Je n'ai rien contre un budget de la zone euro", a déclaré la chancelière lors de leur conférence de presse conjointe de clôture du 19e conseil des ministres franco-allemand, ajoutant :"le ministre européen des Finances, on peut en parler".

Une projet déjà envisagé en 2012

Angela Merkel a d'ailleurs relevé qu'elle avait elle-même proposé, mais sans succès, un "petit budget" de la zone euro dès 2012. La chancelière qui brigue un quatrième mandat lors des élections générales du 24 septembre a également observé que ces questions ne pourraient être tranchées qu'au lendemain de ce scrutin.

Se disant favorable à "un calendrier très ambitieux pour la zone euro", elle a toutefois souligné que "pour de telles évolutions de fond", l'Allemagne avait "besoin" de consulter son Parlement. "Nous n'allons pas traîner mais cela ne peut pas se décréter sans aucune assise", a-t-elle insisté.

Accélérer l'"harmonisation fiscale"

Paris et Berlin se également engagés à adopter une "position commune" d'ici la fin de l'année sur le projet de réforme de l'impôt sur les sociétés proposé par la Commission européenne, disant vouloir "accélérer l'harmonisation fiscale" dans l'UE.

"La France et l'Allemagne élaboreront" d'ici la fin de l'année une position conjointe concernant le projet d'"assiette commune d'impôt sur les sociétés", indique un relevé de conclusions remis par l'Élysée à l'issue du conseil des ministres franco-allemand. Cela permettra d'"accélérer l'harmonisation fiscale européenne et, en tenant compte des progrès réalisés sur la directive, permettre la mise en oeuvre de mesures de convergence spécifiques sur une base bilatérale", ajoute le document.

L'assiette commune consolidée pour l'impôt sur les sociétés (Accis), projet de 2011 relancé en 2015 par la Commission, vise notamment à instaurer des règles uniformes de calcul des bénéfices pour les grands groupes multinationaux. S'il est adopté, ce nouveau régime sera obligatoire pour les sociétés au chiffre d'affaires supérieur à 750 millions d'euros, qui "seront imposées là où elles réalisent des bénéfices", selon la Commission.

La proposition vise également à lutter contre l'optimisation fiscale agressive en supprimant les asymétries entre les systèmes nationaux d'imposition. "Une assiette fiscale harmonisée améliore la transparence et, par conséquent, les conditions d'investissement en Europe", soulignent Paris et Berlin, qui disent vouloir trouver "les moyens d'éviter la course au moins disant fiscal".

Lors du Conseil des ministres franco-allemand, les deux capitales se sont par ailleurs engagées à "remédier à la défaillance du marché du capital-risque pour les investissements à 10 millions d'euros", en renforçant leur coopération. Bpifrance, banque publique d'investissement française, et son homologue allemande KfW, signeront ainsi d'ici la fin de l'année un accord pour des "co-investissements dans des fonds franco-allemands de capital-risque" intervenant des deux côtés du Rhin.

Cette initiative, qui mobilisera jusqu'à 1 milliard d'investissements publics et privés, bénéficiera notamment aux "start-ups en croissance", souligne le compte-rendu, qui précise que l'objectif fixé est "un premier projet financé au plus tard mi-2018".

P.L avec AFP