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Des Mistral à l'embargo russe: l'escalade des sanctions

Les dirigeants occidentaux et Vladimir Poutine, lors du sommet du G8 en 2013.

Les dirigeants occidentaux et Vladimir Poutine, lors du sommet du G8 en 2013. - -

Ce jeudi 7 août, la Russie a répondu aux sanctions européennes en mettant en place un embargo sur les produits agroalimentaires. L'Europe promet déjà d'y répondre. Mais quels produits sont actuellement concernés?

Depuis le crash du vol MH17 au-dessus de l'Ukraine, une surenchère de sanctions économiques s'est engagée. Entre la Russie, d'un côté, et l'Union Européenne, les Etats-Unis, le Canada, l'Australie et la Norvège de l'autre.

Quelles sanctions ont été décidées des deux côtés? Et quel impact ont-elles? BFMTV.com fait le point.

> Comment le bloc occidental sanctionne-t-il la Russie?

Pour la première fois, à la mi-juillet, l'UE, les Etats-Unis et leurs partenaires ont synchronisé leurs sanctions, qui visent trois secteurs: l'énergie, le militaire et la finance.

Les trois plus grands pays de l'UE étaient d'abord réticents. Les compagnies russes comptent énormément à la City de Londres. La France voulait vendre deux navires porte-hélicoptères Mistral, et n'a pu en livrer qu'un. Et l'Allemagne vend régulièrement des technologies de pointe à la Russie.

Mais les trois grands de l'UE ont trouvé un accord. Les compagnies russes n'ont plus accès aux Bourses européennes et américaines, et le développement des forages de pétrole dans l'Arctique est fortement compromis.

> Comment la Russie a-t-elle répondu?

La Russie a d'abord adopté une tactique un peu différente: le gouvernement a menacé d'interdire différents produits, comme le bourbon américain ou les pommes polonaises, à chaque fois pour des raisons sanitaires.

Ce jeudi, Moscou y est allé plus franchement. Le premier ministre, Dmitri Medvedev, a annoncé que la Russie n'achèterait plus certains produits agroalimentaires à tous les pays lui imposant des sanctions.

Pendant un an, le bœuf, le porc, la volaille, le poisson, le fromage, le lait, les légumes et les fruits en provenance des pays ayant sanctionné la Russie seront sous embargo et ne pourront plus être vendus sur le marché russe.

Dmitri Medvedev a cependant précisé que la sanction pourrait être levée si "nos partenaires font preuve d'une approche constructive".

> Quel impact cet embargo aura-t-il?

L'agroalimentaire représente 9,1% des exportations européennes vers la Russie, soit 12 milliards d'euros, selon Eurostat. Mais cela prend en compte des denrées manufacturées, qui ne sont pas touchées par les sanctions.

La France, par exemple, exportait un peu plus d'un milliard d'euros de produits agroalimentaires vers la Russie en 2011, selon le ministère de l'agriculture. Mais il s'agissait principalement de vins, qui ne sont pas touchés par les interdictions.

Le marché français n'est pas complètement protégé pour autant. Les produits européens qui ne seront pas vendus en Russie arriveront en effet sur les étals français à moindre coût.

La production de pommes, de pêches et de tomates, produits périssables, est également menacée.

La nouvelle est en revanche catastrophique pour la Norvège: la Russie lui a acheté pour 776 millions d'euros de saumon en 2013. Autre grand perdant: la Finlande, qui pourrait perdre 400 millions d'euros à cause des sanctions. Le pays a d'ores et déjà demandé à ce que l'Europe l'aide à supporter cette perte.

> Pourquoi la Russie pourrait-elle interdire le survol de son sol?

Dmitri Medvedev voudrait également interdire le survol de la Russie par les vols commerciaux partis des pays l'ayant sanctionnée. Une mesure de représailles, selon le Premier ministre: la compagnie low cost russe, Dobrolet, a dû fermer ses portes à cause des sanctions.

Les avions européens ne pourraient donc plus passer au dessus de la Sibérie pour se rendre en Asie. Le surcoût en carburant pourrait être énorme. Selon une première évaluation de Bank of America, il pourrait atteindre 32.000 dollars (24.000 euros) pour chaque vol.

Joseph Sotinel