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Le modèle économique brésilien est-il en train de vaciller?

Les Brésiliens reproche à leur gouvernement de procéder à des choix économiques douteux.

Les Brésiliens reproche à leur gouvernement de procéder à des choix économiques douteux. - -

Les manifestations contre le coût de la Coupe du Monde et pour l'amélioration des services publics continuent au Brésil, ce 19 juin. Les choix économiques du pays posent question.

Les manifestations commencées lundi se poursuivent au Brésil ce mercredi 19 juin. A Sao Paulo, à Rio de Janeiro et dans les autres grandes villes, les habitants protestent par dizaines de milliers contre la mauvaise qualité des services publics.

Pourtant peu habitués à manifester, ils s'insurgent de la facture du Mondial de Football 2014, qui ne cesse de flamber et a atteint les 11 milliards d'euros. D'autant que ces dépenses colossales devraient encore augmenter pour préparer la tenue des Jeux Olympiques en 2016.

"Les Brésiliens signifient à leur gouvernement que le temps du pain et des jeux est terminé", estime le président du Brazil Business Club en France, Olivier Costa, sur BFM Business. Les jeunes en particulier veulent des investissements pour la santé, l'éducation. "A côté de ces thèmes fondamentaux, les retombées économiques du football, même colossales, paraissent dérisoires", souligne-t-il.

Ces revendications ne sont pas celles des pauvres, car eux bénéficient d'assistance de la part de l'Etat. C'est la classe moyenne qui les formule. Ils sont quelque 40 millions de citoyens à en faire partie désormais, soit plus de la moitié de la population.

"Les Brésiliens ont accès à l'information mondiale, atomisée et pluraliste", explique l'économiste du sport Pascal Perri. Dans ce pays qui compte aujourd'hui plus de 90 millions d'internautes, tous "voudraient participer au banquet de Malthus, s'asseoir autour de la table et profiter un peu de la croissance".

Une croissance qui s'essouffle d'ailleurs, depuis deux ans, et le début de la présidence de Dilma Rousseff. Le PIB du pays est en net repli, passé de 2,7% en 2011 à 0,9% en 2012. Et les prix sont en hausse, de plus de 6% en mai sur les douze derniers mois. "La production industrielle s'est tassée", note Jean-Jacques Kourliandsky, chercheur à l'IRIS. "Seules la production et l'exportation agricole ont permis au PIB de rester dans le vert l'année dernière", assure-t-il.

Pour le chercheur, Brasilia paie le prix de ses choix stratégiques en matière économique. "La Chine est devenue en 2009 le premier partenaire commercial du Brésil" rappelle-t-il. Mais "les Chinois, comme ils le font partout, achètent des produits bruts pour revendre revendent des produits à forte valeur ajoutée", ajoute-t-il. Pour le chercheur, le pays devrait, dès cette année, songer à diversifier "ses partenaires commerciaux".

Nina Godart