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Mondial 2014: le Brésil en plein marasme économique et social

Une manifestation à Sao Paul le 22 mai dernier.

Une manifestation à Sao Paul le 22 mai dernier. - -

Le pays accueille à partir de ce jeudi 12 juin le Mondial de football dans un contexte économique et social délétère. Il voit sa croissance ralentir et la population gronde contre les inégalités et le manque d'infrastructures du pays.

Si les hommes de la Seleçao, la sélection brésilienne de football, risquent bien d'atteindre le toit du monde le 13 juillet prochain, on n'en dira pas tant de l'économie brésilienne.

Le pays fait actuellement face à une croissance en fort ralentissement. Après 0,9% en 2012, 2,3% en 2013, il devrait connaître une hausse de son PIB de 1,8% cette année et de 2,2% l'an prochain, selon l'OCDE. Des chiffres qui restent éloignés des performances de la période 2004-2008, quand la croissance de ce pays émergent dépassait presque chaque année les 4%. Plus récemment, le Brésil a enregistré une croissance décevante de 1,9% en rythme annuel au premier trimestre 2014.

"Les performances de l'économie brésilienne sont alarmantes", jugent les économistes de Crédit Agricole. De son côté, la présidente brésilienne, Dilma Roussef estimait, le 5 juin dernier qu'"on ne peut pas expliquer pourquoi la croissance du Brésil n'est pas plus rapide".

Source: Banque mondiale

Des infrastructures défaillantes

La liste des causes est pourtant connue: corruption, lourdeur bureaucratique, faiblesse des investissements (18% du PIB, selon la Coface) mais aussi des coûts de production élevés.

Dans une étude publiée le 25 avril, le Boston Consulting Group constatait la dégringolade de la compétitivité industrielle du pays. "Figurant parmi les pays à fort potentiel, il y a 10 ans, le Brésil fait aujourd'hui face à un véritable défi puisqu'il est l'un des pays les plus chers au monde, ex-æquo avec la France", expliquait le cabinet.

Mais l'un des goulots d'étranglement de la croissance est le manque d'infrastructures du pays. Natixis en dresse un constat frappant: le Brésil a, par exemple, 8,1kms de routes pour 1.000 habitants contre 21,16 kms aux Etats-Unis. En outre, 37% de la population ne va pas au delà de l'enseignement primaire.

La colère de la population

Ce manque de performance des infrastructures provoque le mécontentement de la population. En juin 2013, la hausse du ticket de bus a été à l'origine d'importants mouvements sociaux. Plus récemment, les manifestations se sont multipliées. Pendant plusieurs semaines, la ville de Sao Paulo a été paralysée par une grève du métro, toutefois suspendue lundi dernier. Dans les grandes villes, les manifestants, excédés, exigent des services publiques "padrão Fifa",(aux standards de la Fifa, ndlr).

"Nous savons que le Brésil a bien d'autres priorités. Nous avons beaucoup plus besoin de construire des écoles, des hôpitaux ou des prisons que des terrains de football", déclarait, en écho à cette colère, l'ex-footballeur Rivaldo, Ballon d'Or 1999, dans un entretien à la radio brésilienne, en janvier.

La population brésilienne montre ainsi son agacement face aux 11 milliards de dollars dépensés par le pays pour améliorer ou construire des stades dans des villes dont certaines n'ont que des équipes de football de troisième division.

Quant à savoir si le Mondial peut apporter un véritable coup de fouet à l'économie brésilienne, l'agence Moody's a déjà répondu par la négative. "Certains espèrent qu'accueillir la Coupe du Monde aidera le Brésil à se sortir du ralentissement économique, mais l'activité économique liée (à l'évènement, ndlr) représente peu par rapport au 2.200 milliards de dollars de l'économie brésilienne", expliquait, en mars dernier, Barbara Mattos, vice-présidente et analyste de Moody's.

Source: Banque mondiale

Julien Marion