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Nissan fragilisé

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- - AFP

Au milieu de l'imbroglio lié à l'affaire Ghosn, la renégociation des pouvoirs au sein de l'Alliance devra prendre aussi en compte les difficultés du constructeur japonais.

Nissan veut plus de pouvoir au sein de l'Alliance avec Renault. Mais Nissan n'est pas forcément en position de force sur le terrain commercial et industriel. C'est toute la difficulté du constructeur Nippon dans le processus délicat de l' «Après-Ghosn», et malgré une volonté affichée de reprendre en main son destin au sein de l'ensemble, comme le souhaite le PDG Hiroto Saikawa.

Car les arguments de bonne gouvernance et les tensions avec Renault pour obtenir plus de pouvoirs au sein de l'Alliance, ont tendance à éclipser une réalité plus complexe, où Nissan traverse en réalité une phase difficile d'adaptation au sein d'un univers automobile de plus en plus complexe et soumis à un nombre croissant de défis.

Renault prend l'ascendant

Nissan, qui s'est toujours prévalu d'un chiffre d'affaire bien supérieur à celui de Renault par exemple, a vu l'écart en sa faveur se réduire aux termes du 1er semestre. Renault a bien résisté sur la période et signé un chiffre de ventes mondiales de 30 milliards d'euros, en hausse d'1,4%, contre 43 milliards pour Nissan, qui affiche une baisse de 5%. 

Renault a vu ses ventes mondiales grimper de 9,8% sur la période (aidé par Dacia et par l'intégration de 2 marques chinoises), à un record de 2,1 millions de voitures. Nissan en revanche, a vu ses ventes reculer d'1,8% à 2,8 millions. L'écart semble se réduire là aussi en faveur de Renault, constat qui se vérifie mois après mois sur les chiffres de ventes mondiaux sur plusieurs zones-clé.

Faiblesse en Europe et en Amérique

Et alors que la marque française arrive a resister sur le marché européen, avec notamment ses best-sellers Renault Clio et Dacia Duster, Nissan voit ses ventes reculer de 12% sur la période. Et sur le marché américain, pourtant terrain de chasse privilégié du japonais à l'export (Renault en est absent), les ventes accusent une baisse de 9%.

Nissan a souffert notamment sur la période des perspectives de guerre commerciale avec l'administration Trump, qui maintient d'ailleurs un véritable flou sur le sort déservé aux constructeurs japonais qui produisent sur le sol américain. Si le spectre des taxes semble s'estomper, il n'en reste pas moins que les incertitudes réglementaires ont pesé sur les ventes de tous les constructeurs nippons aux Etats-Unis ces derniers mois (avec Honda et Toyota qui sont dans le même cas de figure), et que la situation va rester compliquée pendant sans doute un long moment.

Scandales dans les contrôle-qualité

Même si les marchés asiatiques sont toujours aussi positifs pour Nissan, où ses ventes restent en hausse, le groupe a connu de véritables problèmes de production de certains modèles cette année, après révélation de 2 scandales marquants. A 2 reprises, des irrégularités de contrôle-qualité dans les usines ont frappé le groupe, retardant les commandes et les ventes.

Renault semble ouvert à une renégociation des pouvoirs claire au sein de l'Alliance, de nature à la fortifier et à la pérenniser une fois que l'Affaire Ghosn sera réglée. Une évolution capitalistique sera peut-être de nature à la rendre visible et claire sur le plan opérationnel. En interne, du côté du constructeur français, on n'y semble pas forcément opposé. 

Reste que ces négociations s'appuieront avant tout, et c'est le voeu des parties en présence, sur l'état des collaborations et des perspectives des constructeurs concernés. Et il est clair, au vu des derniers chiffres, que commercialement et industriellement, Renault semble solide et sur une pente ascendante, face à un camp Nissan au milieu du gué.