BFM Business
International

Nucléaire iranien: Téhéran joue la carte du chantage avec Google

Google devient un enjeu de négociation dans le dossier du nucléaire iranien.

Google devient un enjeu de négociation dans le dossier du nucléaire iranien. - Susana Bates - AFP

Téhéran ne serait pas contre une installation de Google en Iran. Mais les sanctions américaines à cause de son programme nucléaire peuvent poser des problèmes aux compagnies américaines.

Téhéran joue le tout pour le tout. L'Iran serait prêt à autoriser l'installation du géant internet américain Google et d'autres sociétés de service internet s'ils respectent sa culture, a déclaré dimanche 1er mars le vice-ministre des Télécommunications iranien, Nasrollah Jahangard cité par l'agence Fars.

"Nous sommes aussi prêts à mettre à la disposition de Google ou d'autres sociétés les moyens de l'Iran pour fournir des services à la région" en installant leurs serveurs dans le pays, a-t-il ajouté.

Nasrollah Jahangard n'a pas fait cette déclaration de manière anodine. Il n'a pas hésité à mettre le doigt sur le nœud du problème : les sanctions imposées contre l'Iran à cause de son programme nucléaire peuvent "créer des problèmes aux compagnies américaines".

40 millions d'internautes

Une annonce faite au bon moment. Les Etats-Unis et l'Iran sont actuellement en pleines discussions qui pourraient parvenir à un accord historique garantissant la nature uniquement civile et pacifique du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales asphyxiant l'économie de ce pays.

Ces négociations doivent se poursuivre jeudi 5 mars. Et Nasrollah Jahangard a enfoncé le clou. Les compagnies américaines "attendent que la situation juridique soit réglée mais d'autres compagnies étrangères ont déjà commencé à discuter avec nous". Un simple sous-entendu puisque le vice-ministre des Télécoms n'a pas donné plus de détail.

L'Iran travaille depuis près de deux ans à un accès sélectif et contrôlé des réseaux sociaux, plutôt qu'à un blocage total de sites dont le contenu déplaît aux autorités de la République islamique. Une police de la "cyber-criminalité", chargée de faire la chasse aux contenus illicites et aux blogs contestataires a également été créée et plusieurs animateurs de ces blogs ont été arrêtés. Et l'Iran a lancé récemment son propre moteur de recherche, yooz.ir, dont les serveurs se trouvent dans le pays.

L'Iran, qui compte 40 millions d'internautes sur une population de près de 78 millions, bloque de nombreux sites à caractère politique ou pornographique ainsi que des réseaux sociaux, en particulier Twitter et Facebook, depuis les grandes manifestations de juin 2009 qui contestaient la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad. Ces réseaux sociaux étaient massivement utilisés par les opposants pour mobiliser leurs partisans.

Diane Lacaze avec AFP