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Obama ouvre le sommet nucléaire de Washington, l'Iran fulmine

Le président américain Barack Obama a ouvert lundi à Washington un sommet de deux jours sur la sécurité nucléaire dans le monde pour éviter que des armes atomiques ne se retrouvent un jour entre les mains de groupes terroristes ou d'Etats "voyous". /Photo

Le président américain Barack Obama a ouvert lundi à Washington un sommet de deux jours sur la sécurité nucléaire dans le monde pour éviter que des armes atomiques ne se retrouvent un jour entre les mains de groupes terroristes ou d'Etats "voyous". /Photo - -

par Steve Holland WASHINGTON - Le président américain Barack Obama a ouvert lundi à Washington un sommet de deux jours sur la sécurité nucléaire dans...

par Steve Holland

WASHINGTON (Reuters) - Le président américain Barack Obama a ouvert lundi à Washington un sommet de deux jours sur la sécurité nucléaire dans le monde pour éviter que des armes atomiques ne se retrouvent un jour entre les mains de groupes terroristes ou d'Etats "voyous".

Cette réunion regroupant 47 pays ne vise officiellement aucune nation en particulier, mais on peut imaginer que les programmes nucléaires controversés menés par l'Iran et la Corée du Nord seront évoqués lors des multiples entretiens bilatéraux prévus en marge de la conférence.

L'Iran n'a pas été invité et son président Mahmoud Ahmadinejad a jugé que de tels sommets, "organisés par des personnalités insensées", ne visaient qu'"à humilier l'humanité".

Comme l'Iran, la Corée du Nord, qui s'est retirée en 2003 du Traité de non prolifération (TNP) et a fait exploser deux engins atomiques malgré sa promesse d'abandonner son programme nucléaire, n'a pas été conviée.

La France est représentée par le président Nicolas Sarkozy et l'Allemagne par la chancelière Angela Merkel.

Les deux "frères ennemis" du sous-continent indien - l'Inde et le Pakistan, qui détiennent l'arme nucléaire, sont présents bien qu'ils ne soient pas signataires, comme Israël, du TNP.

Avant de gagner Washington, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a déclaré qu'il proposerait une réunion en septembre à New York sur l'interdiction de production de matériaux fissibles destinés à la fabrication d'armes nucléaires.

RENCONTRES EN TÊTE-À-TÊTE

Une telle interdiction est envisagée depuis longtemps par la Conférence des Nations unies sur le désarmement, basée à Genève, mais le Pakistan a jusqu'ici bloqué l'ouverture des discussions.

Le président Obama a eu des réunions en tête-à-tête avec plusieurs personnalités, notamment avec le roi Abdallah de Jordanie et les dirigeants ukrainien, arménien et malaisien. Il devait également rencontrer son homologue chinois Hu Jintao, dont le pays paraît rétif à de nouvelles sanctions contre Téhéran.

Le président russe Dmitri Medvedev participe au sommet. A Moscou, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé que la Russie et les Etats-Unis signeraient mardi un accord de réduction de leurs stocks de plutonium.

En vertu de cet accord, chaque pays se débarrassera de 34 tonnes de plutonium de qualité militaire en le brûlant dans des réacteurs, a-t-on précisé de source gouvernementale américaine.

Washington et Moscou avaient déjà conclu il y a dix ans un accord similaire qui n'a jamais été mis en oeuvre. Russes et Américains ont signé jeudi dernier à Prague un nouveau traité Start de réduction de leurs arsenaux nucléaires.

En réponse à la réunion de Washington, l'Iran a annoncé qu'il organiserait vendredi et samedi à Téhéran son propre sommet sur le désarmement nucléaire. Des experts et des dirigeants d'une soixantaine de pays ont été invités à cette conférence.

"Les personnalités insensées qui sont au pouvoir sont comme des êtres stupides et arriérés qui brandissent l'épée chaque fois qu'ils sont confrontés à leurs imperfections, sans comprendre que l'époque de ce type de comportement est révolue", a déclaré lundi le président Ahmadinejad à l'agence de presse officielle Irna.

PLAN DE SÉCURISATION

Selon un responsable israélien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a décidé de boycotter la conférence de Washington en apprenant que l'Egypte et la Turquie profiteraient de cette tribune pour critiquer l'arsenal atomique de l'Etat hébreu. Israël, considéré comme le seul Etat du Proche-Orient à être doté d'un arsenal nucléaire, est représenté à Washington par Dan Meridor, vice-Premier ministre.

Pour les chancelleries occidentales, la présence du président chinois Hu Jintao constitue un beau succès pour l'hôte américain, témoignant de la volonté apparente de Pékin de ne pas laisser les contentieux relatifs notamment à Taiwan compromettre les relations sino-américaines ainsi que la coopération dans les domaines touchant à la sécurité et à la diplomatie.

Selon un projet de communiqué qui circule dans les délégations des pays participants, les Américains proposent notamment "de sécuriser l'ensemble des matériaux nucléaires dans un délai de quatre ans".

Diplomates et spécialistes occidentaux s'accordent à penser que l'importance de cette conférence - l'une des plus significatives organisées dans la capitale américaine depuis 1945 - va bien au-delà de son ordre du jour officiel.

"Si les participants à ce sommet font bien les choses, ils pourront rendre l'énergie atomique plus sûre dans la lutte contre les changements climatiques, consolider le régime de non-prolifération ainsi que renforcer la confiance de la communauté internationale (...) dans le désarmement nucléaire", souligne dans un rapport Ian Kearns, du Conseil anglo-américain sur l'information et la sécurité.

Jean-Loup Fiévet et Guy Kerivel pour le service français