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"On prépare l'avenir de l'espace européen en ce moment-même", assure Thomas Pesquet

Ce mardi, les télescopes et autres longues-vues étaient orientés en direction d'HEC et de l’Agence spatiale européenne (ESA) à l'occasion de l'"European Space Talk and Career Fair". Un événement auquel le spationaute français Thomas Pesquet a souhaité prendre part.

Chaque année au mois d'octobre se tient la "Semaine Mondiale de l'Espace" ("World Space Week", en anglais) qui célèbre "la contribution de la science et de la technologie à l'amélioration de la condition humaine". Pour l'occasion, l'école des Hautes Etudes Commerciales (HEC) a décidé d'organiser de concert avec l'agence européenne spatiale (ESA) et l'école d'ingénieurs ESTACA, un événement qui réunit la crème de la crème de l'industrie spatiale européenne (l'"European Space Talk and Career Fair") pour discuter du futur de cette industrie et inspirer la future génération.

Ce mardi 8 octobre, Thomas Pesquet et Claudie Haigneré (première femme européenne à s'être rendue dans l'espace) étaient de la partie afin d'échanger avec plusieurs milliers d'étudiants et leur parler, en toute logique... De l'espace! L'"European Space Talk and Career Fair" a en effet pour principale ambition de réunir les étudiants venus de toute l'Europe pour "partager leurs idées sur les objectifs que le secteur spatial européen devrait se fixer", rappelle HEC sur son site.

"On prépare l'avenir de l'espace européen en ce moment-même au sein de l’Agence spatiale européenne", affirme Thomas Pesquet au micro de BFM Business. "On veut dire (aux étudiants – NDLR) que c'est pour eux qu'on le fait. On a une vocation un peu de service public (…) On essaie de les impliquer et de leur dire 'le monde de demain ce sera le vôtre' (…), de les aider, de les inclure, de dialoguer avec eux, de les inspirer peut-être. Et puis de leur montrer ce que l'espace a à apporter pour la société de demain".

Les grands comptes à l'épreuve du "New Space"

Tout au long de la journée, le campus d'HEC a, par ailleurs, vu défiler de grands noms du secteur à l'instar d'Airbus, ArianeGroup, Dassault, ou encore de Thalès Alenia Space, mais également des start-ups comme Earth Cube ou Exotrail.

Il faut dire que ce marché se révèle en pleine expansion et que de plus en plus de jeunes pousses aspirent à se forger une place en orbite. Les ambitions spatiales d'Elon Musk et de Jeff Bezos sont, en effet, largement diffusées sur les réseaux sociaux et participent à ce regain d'intérêt de la part du grand public.

Parallèlement à cela, les acteurs historiques de l'industrie spatiale, à l'instar d'ArianeGroup par exemple, n'hésitent pas à multiplier les développements pour composer avec l'émergence de nouveaux venus qui incarnent ce que l'on appelle le "New Space" et que Thomas Pesquet observe du meilleur œil.

"Je trouve que c'est très bien. On n'a pas vocation d'être dans une tour d'ivoire et de dire 'nous on fait de l'espace et pas les autres'. C'est très bien. Ça montre que nous avons l'occasion de défricher cet environnement-là (…) C'est normal que le secteur privé s'empare de tout cela. On n'a pas vocation à rester éternellement dans l'espace. (…) Et derrière nous, on espère que de plus en plus de monde va s'engouffrer", souligne-t-il pour BFM Business.

La France "n'a pas à rougir"

Développement de nouveaux écosystèmes destinés aux start-ups, émergence de nouveaux business… La France peut-elle aujourd'hui réussir à rattraper les Etats-Unis dans ce domaine? "On ne va jamais assez vite c'est évident, mais je trouve que l'on se défend quand même pas mal. On a des avantages qui sont très européens. On a une multi-culturalité, on sait travailler ensemble (…)", estime Thomas Pesquet pour qui "effectivement, il faudrait peut-être un peu plus d'Europe dans ces thématiques-là".

"Mais pour l'instant, nous n'avons pas à en rougir. Il faut continuer à travailler (…) On a des joyaux européens – et français d'ailleurs – dans l'aéronautique et dans l'espace. On est des leaders mondiaux dans plein de domaines parce qu'on a fait les bons choix de politiques, parce qu'on a fait les bons choix industriels dans le passé", souligne le spationaute.

Lequel précise qu'il convient de continuer sur cette lancée "dans un monde qui bouge" (…) C'est aussi pour cela que l'on va avoir besoin des forces vives disponibles pour continuer à faire notre mieux dans ces domaines dans le futur".

Julie Cohen-Heurton