BFM Business
International

Panama papers: l'évasion fiscale expliquée à un enfant de 5 ans

-

- - Montage BFM Business

"Vous ne comprenez rien à l'évasion fiscale au Panama? Un internaute du site Reddit a rédigé un texte d'explication où il est question de tirelire et d'argent de poche. Idéal pour comprendre l'affaire des Panama papers sans être un passionné de fiscalité."

L'affaire des Panama papers n'en finit pas d'enfler avec chaque jour son lot de révélations. Mais si tout le monde en parle ou en a entendu parler, qui sait vraiment comment fonctionne concrètement la technique d'évasion (ou d'optimisation) fiscale utilisée par les clients de Mossack Fonseca, la société panaméenne spécialisée dans la domiciliation de sociétés offshore qui, a son corps défendant, a livré ses secrets aux plus fins limiers de la presse mondiale? Le sujet est complexe, la matière rébarbative.

C'est pour aider tous ceux qui veulent comprendre sans y passer des heures qu'un internaute du site Reddit s'est fendu d'un post d'explications. L'auteur assure que ses explications permettraient même à un écolier de comprendre ce que sont les sociétes offshore et pourquoi certaines grandes fortunes ou entreprises font appel à leurs services. Et surtout pourquoi leurs intentions ne sont pas toujours mauvaises. Voilà une analogie très parlante à base de tirelire, d'argent de poche, d'enfants dissimulateurs et de mamans en colère.

Une seconde tirelire cachée chez un copain

Prenez donc Thomas, un enfant de 7 ans. Tous les mois, sa maman lui donne son argent de poche et il le met dans sa tirelire. Cette dernière est rangée dans sa chambre et sa maman peut y jeter un coup d'œil de temps à autre pour vérifier ce qu'il y a dedans. Elle sait ainsi ce que l'enfant épargne et dépense.

Mais voilà, un jour Thomas ne veut plus que sa mère sache ce qu'il possède vraiment. Il achète une seconde tirelire qu'il va cacher chez son copain Pierre. La mère de ce dernier est très occupée et ne regarde jamais dans les tirelires de ses enfants. Idéal pour Thomas qui peut gérer ses avoirs en toute discrétion. L'idée plaît beaucoup dans la cour de récré et tous les enfants décident de faire pareil. Désormais, les placards de Pierre sont plein des tirelires des petits copains de sa classe.

Mais un jour la maman de Pierre, intriguée, ouvre les placards et découvre les dizaines de tirelires. Passablement irritée, elle appelle les parents de tous les enfants. Ces derniers vont devoir s'expliquer.

Des mauvaises et des bonnes raisons

Et c'est là que l'affaire se complique. Car les enfants n'ont pas tous agi pour de mauvaises raisons. Pas d'évasion fiscale ou de corruption, l'auteur poursuit son analogie avec des exemples enfantins.

Thomas l'a fait parce que son grand frère lui volait de l'argent, il a donc voulu le mettre en sécurité. Nina, elle, souhaitait économiser afin de faire un cadeau à sa maman. Sami, lui, l'a fait pour s'amuser sans trop savoir pourquoi.

Mais ce n'est évidemment pas le cas de tout le monde. Diane par exemple vole de l'argent à ses petits copains à l'école et ne voulait pas que sa mère le sache. Frédéric, lui, va régulièrement faire les poches de son papa et n'avait évidemment pas envie que sa mère découvre le pot aux roses. Quant à Pascal, il voulait à tout prix éviter que ses parents comprennent qu'il s'achète des bonbons en douce alors qu'il est au régime.

Mais maintenant que tous les parents sont au courant, ils vont devoir s'expliquer et dire pourquoi ils ont fait ça. Tous ne se feront pas gronder mais certains risquent de passer un sale quart d'heure. L'analogie est on ne peut plus claire et surtout éclairante sur un point: c'est l'intention des détenteurs de comptes au Panama qui importe.

Les États devront mener l'enquête

Comme Thomas, Nina et Sami, les intentions de certaines entreprises et particuliers ne sont pas forcément condamnables, comme l'explique le site Fusion qui a réalisé une grande enquête. Les bonnes intentions des entreprises qui utilisent des sociétés écrans sont évidemment bien différentes de celles des enfants qui planquent leur tirelire. 

Voilà quelques exemples:

1. Une entreprise peut tenir à garder une partie de ses comptes secrets afin que ses concurrentes ne sachent pas dans quoi elle investit pour garder la confidentialité sur ses innovations, par exemple.

2. Une société connue à qui on facture plus cher des prestations du fait de sa notoriété peut décider d'opérer avec une société écran afin de ne pas être repérée lorsqu'elle passe commande. Comme un studio hollywoodien qui réserverait un hôtel pour ses acteurs par exemple. 

3. Ou encore une compagnie qui investirait dans un secteur qui pourrait nuire à la notoriété de sa marque. Un fabricant de jouets qui financerait un sex-toy par exemple, ou un industriel de l'alimentaire qui prendrait des positions dans un cigarettier... 

Mais cet usage peut évidemment être moins légitime.

1. Lorsqu'il s'agit de cacher ses revenus pour échapper à l'impôt.

2. Pour corrompre les autorités comme cela se pratique dans certains pays.

3. Pour cacher des pratiques frauduleuses comme un chef d'État qui empocherait directement de l'argent en vendant les ressources naturelles de son pays.

4. Et évidemment pour financer le terrorisme.

Dans les semaines qui viennent, les États concernés devront dénouer tous les fils des Panama papers pour identifier les intentions des compagnies et des particuliers qui ont un compte au Panama. Gageons qu'en l'espèce, cela ne sera pas un jeu d'enfant.

Frédéric Bianchi