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Parfum d'union nationale sur le plan français d'aide à la Grèce

Les députés socialistes devraient, sauf coup de théâtre, joindre leurs voix à celles de l'UMP pour voter le volet français du plan d'aide à la Grèce, même si la gauche aurait préféré des taux moins élevés. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

Les députés socialistes devraient, sauf coup de théâtre, joindre leurs voix à celles de l'UMP pour voter le volet français du plan d'aide à la Grèce, même si la gauche aurait préféré des taux moins élevés. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau - -

Les députés socialistes devraient, sauf coup de théâtre, joindre leurs voix à celles de l'UMP pour voter le volet français...

par Laure Bretton

PARIS (Reuters) - Les députés socialistes devraient, sauf coup de théâtre, joindre leurs voix à celles de l'UMP pour voter le volet français du plan d'aide à la Grèce, même si la gauche aurait préféré des taux moins élevés.

Le projet de loi de Finances rectificative portant l'engagement de la France de prêter 3,9 milliards d'euros à la Grèce en 2010 sur une enveloppe de 6,3 milliards a été examiné mercredi par la commission des Finances de l'Assemblée, avant son examen en séance publique lundi.

A leur sortie, les députés de toutes tendances politiques ont souligné l'urgence de la situation et déploré les atermoiements de l'Allemagne.

"Il faut aller très vite", a dit à la presse le président de la commission, le socialiste Jérôme Cahuzac. "Abandonner la Grèce aujourd'hui, ce serait créer des difficultés supplémentaires pour les Français dès demain."

"Les socialistes voteront" le texte, a déclaré mercredi soir le premier secrétaire du PS, Martine Aubry, qui juge qu'"au delà de la Grèce, c'est bien l'avenir de l'Europe qui est en cause".

La crise de la dette grecque a entraîné un nouveau recul des actions mercredi et tiré l'euro à des niveaux auxquels il n'était plus tombé depuis un an face au dollar.

Le plan européen de soutien prévoit que les prêts bilatéraux des pays de la zone euro seront soumis à un taux d'intérêt de 5%, pour un montant maximal de 30 milliards d'euros la première année.

"SOLIDARITÉ RESPONSABLE"

Pendant la réunion de la commission des Finances, des voix se sont élevées pour que ce taux soit ramené, à tout le moins, au niveau de celui du Fonds monétaire international, qui prévoit de prêter à la Grèce 15 milliards d'euros à 3,75% en 2010.

Le député centriste Charles-Amédée de Courson a suggéré de conditionner le niveau du taux à celui du redressement des finances publiques grecques.

Le communiste Jean-Pierre Brard a réclamé que ce taux soit le plus proche possible de zéro, selon plusieurs participants.

Le socialiste François Hollande a souhaité un taux "au coût du marché", soit environ 1,5%, tout en reconnaissant que le dossier était clos, les décisions entre Etats européens étant juridiquement supérieures aux lois nationales.

Devant la commission, le ministre du Budget, François Baroin, a défendu le taux de 5%. "C'est cohérent", a-t-il dit. "Il faut que, par rapport aux Français, on dise qu'on ne le fait pas gratuitement", a-t-il ajouté, selon un participant.

La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a dit la semaine dernière que le prêt rapporterait dans ces conditions 150 millions d'euros au budget de l'Etat, qui emprunte sur les marchés financiers à un taux inférieur.

Selon Jérôme Cahuzac, la question du taux et de ce qui est "supportable" par les Grecs sera au coeur du débat parlementaire.

"Il faut que le taux ne soit pas trop élevé pour qu'il soit pertinent en Grèce (mais) pas trop faible non plus pour expliquer aux Français que c'est une solidarité responsable", a dit le député UMP Hervé Mariton.

Les hésitations de l'Allemagne, qui a réclamé plus d'efforts à la Grèce, ont provoqué la colère de certains députés.

Pour François Hollande, "le fait que nous ayons une nouvelle fois différé (le déclenchement de l'aide) sera sans aucun doute utilisé par un certain nombre d'agents déstabilisateurs".

La chancelière allemande Angela "Merkel freine pour montrer qu'elle veut bien y aller mais qu'il faut vraiment qu'on ait des résultats", a dit le député UMP Lionel Tardy.

Edité par Jean-Baptiste Vey