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Pétrole : Comment les Saoudiens poussent les cours à la hausse

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Avant une réunion de l’Opep avec ses alliés, plusieurs signaux montrent que l'Arabie saoudite pousse les cours du brut à la hausse.

D’abord, il y a la formule classique signifiant qu’on est favorable à une opinion diffuse dans le marché : l’Arabie saoudite est « à l’aise » avec un prix du pétrole a plus de 80 dollars, au moins à court terme. L’agence Bloomberg cite des sources « au fait de la stratégie saoudienne ». Or, dimanche, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés emmenés par la Russie vont se rencontrer en Algérie pour discuter d’un éventuel ajustement de la production mondiale et voir dans quelle mesure compenser les replis considérables des flux de l’Iran et du Venezuela.

Si les Saoudiens sont « à l’aise » avec la tendance actuelle, cela veut donc dire qu’ils ne sont pas vraiment pressés de combler ces pertes. Les dernières données pour juillet montrent même qu’autant la production que les stocks pétroliers de l’Arabie saoudite ont diminué.

Un spécialiste d’une banque allemande a jugé que cela jetait le doute sur la coopération pétrolière de Riyad d’un côté, avec la Russie et de l’autre, avec les Etats-Unis. Peu après ces commentaires attribués à l’Arabie Saoudite, le ministre russe de l’Energie, s’est positionné autrement mardi soir : d’après lui, les estimations des analystes et des compagnies tournent, sur le long terme, autour de 50 dollars le baril. La hausse dans la fourchette actuelle de 70-80 dollars ne serait que « temporaire ».

Le chef de file de l’Opep va-t-il changer d’approche ?

Ce serait plutôt là une confirmation de ce changement d’approche : on peut se rappeler qu’en avril déjà, différentes sources dans l’industrie pétrolière ont assuré que l’Arabie saoudite verrait d’un bon œil une montée des cours a 80 dollars ou même 100.

Il s’agissait alors de permettre une introduction en bourse de sa compagnie nationale Aramco dans les meilleures conditions. Maintenant que Riyad renonce, au moins provisoirement, à cette gigantesque opération, il lui faut malgré tout s’assurer encore les recettes les plus élevées possibles afin de financer son vaste plan de modernisation économique « Vision 2030 ». Un éditorialiste d’un quotidien de Dubaï a expliqué aussi que cette politique de prix saoudienne répond à une volonté affichée de réduire le déficit budgétaire. Et pour cela, il faudrait, précisément, un brut à 85 ou 87 dollars.

Cette ligne dure peut-elle tenir ?

L’Iran, en particulier, pense que les Saoudiens vont rentrer dans le rang. Le ministre iranien du Pétrole a fait savoir, mardi, qu’il ne se rendra pas à la réunion d’Alger, la qualifiant « d’inutile ». Le représentant de Téhéran à l’Opep soutient que l’Arabie Saoudite et la Russie vont céder aux pressions des Etats-Unis, qui veulent empêcher l’Iran de vendre son pétrole. En fin de semaine dernière, le secrétaire américain à l’Energie a même loué la coopération russo-saoudienne pour sa gestion du marché.

Dans une note, un bureau d’études de référence à Londres écrit que le président Donald Trump veille à ne pas laisser les cours monter trop haut avant ses élections législatives de mi-mandat, en novembre. Riyad ne saurait donc adopter trop longtemps une posture de faucon. Il reste à déterminer alors quand et de combien les Saoudiens vont augmenter leur offre.

Benaouda ABDEDDAIM