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Pétrole : Trump veut « assécher » l’Iran

Donald Trump le 17 août 2018 devant la presse à la Maison Blanche.

Donald Trump le 17 août 2018 devant la presse à la Maison Blanche. - NICHOLAS KAMM / AFP

Tensions sur le marché pétrolier après que Donald Trump a décidé de ne pas renouveler les exemptions pour le brut iranien

Les Etats-Unis décident de durcir leur position contre l’Iran avec l'ambition de tarir complètement les exportations de pétrole iranien, a annoncé lundi la Maison blanche. Téhéran a aussitôt rétorqué que Washington ne parviendrait pas à ses fins et menacé une nouvelle fois de bloquer le détroit d'Ormuz, par lequel transite une grande partie du brut mondial.

Pour éviter une surchauffe du marché pétrolier mondial après le rétablissement par les Etats-Unis des sanctions visant les secteurs pétrolier et bancaire iraniens en novembre dernier, Washington avait accordé des exemptions pour six mois à la Chine, l'Inde, la Corée du Sud, la Turquie, la Grèce, l'Italie, le Japon et Taiwan. Ces exemptions ne seront pas renouvelées à leur expiration le 1er mai dans le but de « réduire à néant les exportations de pétrole iranien, privant ainsi le régime de sa principale source de revenus », écrit la Maison blanche dans un communiqué.

Aucune période de grâce ne sera accordée aux pays qui en bénéficiaient jusqu'à présent, a ajouté le secrétaire d'Etat Mike Pompeo, en annonçant formellement la décision de Washington : « Si vous ne respectez pas cela, il y aura des sanctions » américaines, a prévenu le chef de la diplomatie des Etats-Unis, « Nous entendons appliquer ces sanctions ». Mais quelques minutes après l’annonce de la décision américaine, la Turquie affirmait qu’elle n’avait aucune intention de la respecter et continuerait à s’approvisionner en pétrole iranien « nous n'accepterons pas des sanctions unilatérales et des contraintes sur la manière dont nous gérons nos relations avec nos voisins », a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, cité par l'agence officielle d'informations Anadolu.

Campagne de « pression maximale »

Selon la Maison blanche, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis se sont engagés à compenser la diminution des exportations iraniennes pour faire en sorte que la demande mondiale soit satisfaite et éviter une envolée des cours du pétrole. Le mouvement reste toutefois surprenant étant donné les tensions en Lybie. Beaucoup d’experts s’attendaient à ce que ces exemptions soient même élargies pour faire face à un arrêt probable des exportations lybiennes après l’offensive sur Tripoli du Général Haftar. « L'Arabie saoudite et d'autres pays de l'Opep feront plus que compenser la différence de production de pétrole », a assuré Donald Trump sur son compte Twitter.

Le ministre saoudien de l'Energie, Khalid al Falih, a déclaré dans un communiqué que Ryad se coordonnerait avec les autres producteurs de pétrole pour éviter un déséquilibre du marché mondial. Néanmoins les annonces de Washington ont aussitôt fait grimper les cours du pétrole. Le Brent de mer du Nord, référence du marché mondial, gagnait lundi après-midi 2,75% à 73,95 dollars le baril.

A Téhéran, des sources au ministère du Pétrole ont assuré à l'agence Tasnim que les Etats-Unis ne parviendraient pas à leurs fins. « Les exportations de pétrole ne pourront être réduites à zéro que si les autorités iraniennes le décident, et ce n'est pas d'actualité », a déclaré une source informée. Le commandant de la marine des Gardiens de la révolution, l'unité d'élite de l'armée iranienne, a menacé de son côté de bloquer le détroit d'Ormuz si l'Iran n'est plus autorisé à y faire transiter son pétrole.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, fidèle soutien de Donald Trump dans son combat contre Téhéran, a salué une décision « d'une importance capitale pour renforcer la pression sur le régime terroriste iranien ». La campagne de « pression maximale » contre l'Iran vise selon Washington à mettre fin aux « activités déstabilisatrices » de Téhéran au Moyen-Orient, notamment au Liban via le mouvement chiite Hezbollah, au Yémen à travers les rebelles Houthis et en Syrie par son soutien au régime de Bachar al-Assad.