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Politique monétaire : «Cela devient difficile»


La BCE réunit aujourd’hui son comité de politique monétaire dans un contexte de ralentissement économique mondial. Alors que les marchés anticipent un message plus accommodant de la part de Mario Draghi, Éric Chaney, Conseiller économique de l'Institut Montaigne, s’attend, lui, à d’éventuelles surprises.

« En fait, Mario Draghi a déjà donné son message lors du rassemblement de Sintra sur ce que peut faire la Banque centrale européenne. Il a pris les marchés par surprise en disant : ‘on peut faire plus que ce qu’on a fait jusqu’à présent’. Aujourd’hui on attend une confirmation. Il est probable que Mario Draghi soit plus précis, non pas sur ce que la Banque centrale va faire mais sur ce qu’elle pourrait faire en cas de dégradation de la conjoncture et de baisse à nouveau de l’inflation ».

D’emblée Éric Chaney donne le ton. Invité dans l’émission Good Morning Business ce jeudi 25 juillet, l’économiste est revenu sur les différentes pistes évoquées par Mario Draghi lors du dernier rassemblement annuel de la Banque centrale européenne (BCE) organisé le 18 juin dernier à Sintra au Portugal.

« Il y a la reprise des achats d’actifs, la possibilité de baisser encore les taux d’intérêt (qui se situent, pour rappel, à -0,4% pour les dépôts des banques qui disposent d’un guichet à la BCE) », rappelle le conseiller de l'Institut Montaigne. « Mais il peut y avoir des choses un peu plus surprenantes comme un élargissement de la palette d’actifs sur lesquels la BCE peut agir. On pense aux obligations bancaires, aux actions… »

Taux bas : les banques en ligne de mire

A la question : « la baisse des taux a-t-elle encore du sens ? », l’économiste répond que, certes, « cela devient difficile », mais il ne s’agit pas des « taux les plus bas de la terre ».

Et de poursuivre : « Les Suisses sont à -0,75%. C’est d’ailleurs un peu compliqué pour eux parce que le franc suisse a tendance à s’apprécier et ils se demandent s’ils doivent baisser à -1%. En réalité, ce -0,4% ne concerne que les banques pour une partie de leur dépôt. Il a été très partiellement passé aux très grandes entreprises qui ont de très gros comptes dans les banques, mais pas du tout pour le reste de l’économie. Personne ne connait de taux d’intérêt négatifs dans la zone euro.

Donc, l’une des possibilités serait, non pas de baisser encore plus les taux d’intérêt (-0,4%), c’est déjà très bas. Ça heurte la profitabilité des banques. Cela pourrait inciter les banques à passer un peu plus leurs taux négatifs sur leurs utilisateurs, c’est-à-dire sur leurs clients en particulier les entreprises. Il y a une possibilité d’action la-dessus ».