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Pour Christian Noyer, un accord sur le Brexit d'ici le 31 octobre sera "très difficile" à trouver

Invité sur BFM Business, le gouverneur honoraire de la Banque de France estime que les chances de trouver un accord sur le Brexit demeurent particulièrement minces d'ici la fin du mois.

A 17 jours de la date butoir pour un Brexit sans accord, la tension monte en Europe. Pour Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France de 2003 à 2015, un accord semble très délicat à trouver d'ici là. 

"Ce qu'il faut bien voir c'est que ce qui avait bloqué, c'était en fait la question de l'Irlande. Et c'est toujours cela qui est le point crucial", souligne-t-il ce lundi sur BFM Business dans l'émission "12H, L'heure H". "Les Anglais n'ont pas réfléchi à l'époque où ils ont décidé - enfin où le référendum a été voté et la décision de principe prise de sortir de l'Union européenne - que ça allait avoir des conséquences dramatiques en Irlande si on ne faisait rien. Puisqu'en fait, un des fondements du retour de la paix en Irlande, ça a été le marché unique, le marché commun européen et donc la libre circulation des personnes. (…) Et donc aujourd'hui, on est toujours bloqué par cela. Le gouvernement anglais a proposé quelque chose qui ne répond qu'à une petite partie du problème".

Le 17 et 18 octobre se tient un sommet européen à Bruxelles à l'issue duquel l'Union européenne espère trouver un accord de la dernière chance afin d'éviter une sortie britannique trop douloureuse. Mais si Michel Barnier, le négociateur en chef de l'UE, estime que des avancées ont eu lieu, il a cependant admis dimanche 13 octobre qu'il restait "encore beaucoup de travail à faire" d'ici le 31 octobre. 

Plus facile d'avancer sans le Royaume-Uni?

Un contexte qui ne rend pas optimiste le gouverneur honoraire de la Banque de France. "Moi je pense que c'est très difficile. Ce n'est pas complètement impossible, c'est très difficile. Il faut que les Britanniques acceptent de reconnaître qu'il doit y avoir une frontière économique entre l'Irlande du Nord et la Grande Bretagne", estime-t-il. Et si un accord s'avère si délicat à mettre sur pied, c'est notamment lié à une vision de l'Union européenne différente, poursuit Christian Noyer.

"Le Royaume-Uni, en fait, était assez content du marché commun ou de l'Union européenne telle qu'elle fonctionnait mais a toujours été réticent à l'approfondissement. Au fond, il n'a jamais adhéré à l'idée qu'on allait progressivement – peut-être à très long terme – (...) vers une sorte de confédération", explique-t-il. "Au fond, il n'aurait plus voulu que ça bouge. Et donc c'est cette espèce de marche en avant (…) qui n'a jamais convaincu le Royaume-Uni. (…) Ils (les Britanniques - NDLR) ont souvent été – pas toujours – un frein sur certaines réalisations. Et si on veut vraiment que l'Europe s'intègre plus et progresse plus et prenne davantage de choses en considération – y compris la protection économique de l'ensemble des citoyens européens si on peut dire – eh bien ce sera plus facile sans le Royaume-Uni", conclut le gouverneur honoraire de la Banque de France.

JCH