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Pour Hubert Védrine, l'Europe ne doit plus miser sur une "gouvernance mondiale"

Pris en étau entre la Chine et les Etats-Unis, les Européens ont tout à perdre en jouant le jeu de l'unité mondiale. Au contraire, l'Europe doit "devenir une puissance pour se faire respecter" plaide l'ancien ministre des Affaires étrangères.

La "gouvernance mondiale" a du plomb dans l'aile… Invité sur le plateau de "12H, l'Heure H" sur BFM Business ce lundi, l'ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement Jospin, Hubert Védrine, juge que l'heure n'est plus à parier sur l'émergence d'une communauté internationale forte. Surtout pour les Européens. "Je ne plaide pas pour qu'il y ait une gouvernance mondiale dans l'état où nous sommes, nous, Européens" explique-t-il. "S'il y a eu une gouvernance mondiale, elle a toujours été imposée par les vainqueurs".

Et quels sont les vainqueurs du moment? "S'il y avait un accord de gouvernance mondiale, vraisemblablement, ce serait un accord entre les Américains et la Chine, aujourd'hui (…) et pas du tout dans notre sens" poursuit-il. Donc l'Europe doit encore passer par "ce déclic mental où elle (…) se résignerait enfin à devenir une puissance pour se faire respecter par la quinzaine de puissances qui lui marchent sur les pieds".

La crise, une opportunité ?

Pour Hubert Védrine, "tant qu'on n'est pas dans cette situation, il ne faut pas trop plaider pour un accord de gouvernance mondiale."

"La priorité, c'est de ne pas être écartelé, dans les années qui viennent entre la Chine et les Etats-Unis" poursuit-il. "Et pour cela, il faut qu'on impose nos positions, qu'on développe nos technologies."

Mais ce fameux déclic, voilà des années qu'on l'attend… "Peut-être que ces évènements [ceux de la crise du Covid-19, ndlr], justement, peuvent nourrir cela. Un raisonnement qui a démarré à partir de la dépendance extrême en matière de produits pharmaceutiques, cela peut s'étendre à d'autres éléments du raisonnement."

Thomas Leroy