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Pour Jean-Pierre Raffarin, "les Chinois travaillent avec l'idée du rapport de force"

L'ancien Premier ministre, très impliqué dans les échanges avec la Chine, insiste sur la nécessité pour les Européens de s'unir afin de peser face aux Américains et aux Chinois.

Comment exister face à la Chine ? Une seule solution, assure l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, l'unité de l'Europe. "Ma bataille, c'est essayer de faire en sorte qu'on comprenne mieux la Chine parce que la civilisation chinoise est très compliquée. Et qu'on comprenne bien que pour les grandes entreprises françaises, la Chine est un marché impératif. Cela ne veut pas dire qu'il faut être pro-chinois, cela ne veut pas dire qu'il faut être d'accord avec les Chinois. Mais cela veut dire qu'il faut un rapport de force et ce rapport de force, c'est d'abord l'entente franco-allemande" explique-t-il ce mardi sur BFM Business.

L'année dernière, le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel ont décidé de s'unir pour recevoir le président chinois Xi Jinping. "Je vous assure, cela a eu un impact fort sur la Chine. Les Chinois, ils travaillent avec l'idée du rapport de force. Quand on est divisé, on est spectateur" martèle Jean-Pierre Raffarin. "J'espère que l'Europe comprend que c'est dans son union, dans son unité" qu'elle pourra peser. 

Bruxelles hausse le ton

Selon lui, les Européens ont donc l'occasion de créer une "troisième voie", au milieu de la guerre commerciale qui oppose les Etats-Unis et la Chine. Surtout, l'ancien Premier ministre appelle à ne pas être naïf. "Il ne faut pas compter sur la Chine ou sur les Etats-Unis pour défendre les intérêts de l'Europe" martèle-t-il.

Lundi, après un sommet UE-Chine par vidéoconférence, Bruxelles a clairement haussé le ton sur les relations avec les Chinois. "On a vu des cyberattaques, dont nous connaissons l’origine. Et aussi de la désinformation. Et on a une idée de l’endroit d’où elle vient. Et nous ne la tolérons pas", a par exemple expliqué Ursula von der Leyen. Mais l'unité européenne n'est pas actée sur tous les sujets, notamment sur le dossier Huawei où les Français et les Allemands n'ont pas partagé la même vision jusqu'ici.

Thomas Leroy