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Pourquoi il est "impossible" que Londres devienne un paradis fiscal comme Singapour

En cas de sortie sans accord, certains prêtent au Royaume-Uni l'ambition de devenir une "Singapour sur Tamise", ultra-libérale et dérégulée. Impossible, selon Ana Boata, cheffe économiste zone euro et Royaume-Uni d’Euler Hermès.

Une sortie de l'Union européenne sans accord ne profiterait-elle pas finalement au Royaume-Uni qui serait alors libre de déréguler les marchés comme elle le souhaite, passer des accords commerciaux ou appliquer des droits de douane comme elle l'entend, en somme devenir une "Singapour sur Tamise" ?

Ana Boata, économiste senior en charge de l'Europe chez Euler Hermes et invitée sur le plateau de Good Morning Business ne croit pas du tout dans ce scénario. 

La question du déficit public

"La moitié de leurs importations [du Royaume-Uni, NDLR] viennent de l'Union européenne. Quand on a ce genre de dépendance, on ne peut pas se permettre d'avoir des droits de douane, des contrôles et surtout un blocage. Parce que toutes les études montrent que si on a une sortie dure, ça veut dire six mois de perturbations, ça veut dire plusieurs jours avec des biens bloqués à la douane. Il ne faut pas se leurrer, on a que quelques points d'entrée sur l'île (...) on ne peut pas du jour au lendemain mettre en place ces contrôles douaniers, c'est impossible".

Mais dans une vision à long terme ? "Non, ils ne peuvent pas non plus devenir une Singapour. Aujourd'hui, ils ont quand même un taux d'imposition des sociétés par exemple qui est à 20% qui va baisser à 17% donc c'est déjà hyper intéressant. Et il ne faut pas oublier surtout qu'ils ont un déficit public très élevé donc, à un moment donné, il va falloir financer tout ce déficit. Donc ils ont des marges très très limitées de ce qu'ils peuvent faire en terme de fiscalité".

Olivier Chicheportiche