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Pourquoi la baisse de l'euro est une très bonne nouvelle

L'euro faible est loin d'être une source d'inquiétude pour les analystes interrogés sur BFM Business ce 6 janvier.

L'euro faible est loin d'être une source d'inquiétude pour les analystes interrogés sur BFM Business ce 6 janvier. - Philippe Huguen - AFP

De concert, les analystes invités sur BFM Business ce mardi 6 janvier estiment qu'il faut se réjouir de la baisse de l'euro. Elle n'est pas le syndrome d'un mal européen et favorise les exportations.

L'euro dégringole face au dollar. La monnaie européenne est passée lundi sous 1,20 dollar, son plus bas niveau depuis près de 9 ans. Si les investisseurs s'inquiètent -le CAC 40 a chuté lundi à Paris- les analystes de BFM Business s'enthousiasment. Une monnaie européenne qui se déprécie face au dollar, c'est une bonne, voire une excellente nouvelle martèlent-ils. Voici leurs arguments: 

> La baisse de l'euro n'est pas le fruit d'une nouvelle crise européenne

"C'est une excellente nouvelle, qu'il faut savoir apprécier parce qu'elles sont rares. On a tellement pleuré quand l'euro était trop fort et qu'il pénalisait les exportations européennes, réjouissons-nous de la baisse", clame Jean-Michel Six, chef économiste pour l'Europe chez S&P.

Pour lui, "il est inexact de dire que la baisse de l'euro est liée essentiellement aux nouveaux développements en Grèce. Il suffit de regarder l'évolution d'autres devises comparables, de pays développés, comme la livre sterling ou le dollar néo-zélandais, par rapport au dollar depuis dix jours, pour constater que la baisse de l'euro est tout à fait dans la moyenne. Toutes les monnaies ont baissé par rapport au dollar, parce que l'économie américaine continue d'accélérer et de se raffermir".

D'ailleurs l'euro n'est pas près de remonter puisque "on s'attend à un durcissement de la politique monétaire américaine dans les six mois à venir, ce qui aura pour effet de renforcer encore le dollar. Quand, dans le cas de l'euro, on s'attend au contraire à une politique encore plus accommodante de la part de la Banque centrale européenne. Cela va se traduire par plus d'émission d'euros. Or quand on produit plus d'un bien, le prix relatif de ce bien tend à baisser. Ce sont ces facteurs qui expliquent la baisse de l'euro, et qui permettent de la dédramatiser", conclut Jean-Michel Six.

> La monnaie européenne faible favorise les exportations

L'euro faible renforce la compétitivité de certains secteurs dont les contrats se signent en dollar, comme celui de l'aérospatial. Space X, le pionnier américain de la privatisation de la conquête spatiale, à la stratégie low cost, vient de reporter le lancement d'une fusée ce mardi. Son concurrent, Ariane Espace, a une deuxième raison de se réjouir: l'euro faible. 

"L'écart de prix entre SpaceX et Arianespace est principalement lié à la monnaie. L'euro à 1,18 dollar est une excellente nouvelle pour Arianespace et pour l'emploi en Europe. Dans le différentiel de compétitivité, le paramètre monétaire, sur lequel nous n'avons aucune maîtrise, est très important. Quand l'euro monte, nous perdons de la compétitivité, quand il baisse, nous en regagnons", explique Stéphane Israël, le PDG d'Arianespace.

En janvier 2014, Stéphane Israël chiffrait l'impact de l'appréciation de l'euro de 10 centimes par rapport au billet vert à "environ 60 millions d'euros" sur le résultat d'Arianespace. Celui d'Airbus, Fabrice Brégier, indiquait lui qu'une variation de 10 centimes amputait le chiffre d'affaires d'Airbus d'un milliard d'euros. 

> L'euro faible va générer davantage de croissance

Si les bourses européennes ont chuté lundi, c'est que "les marchés financiers n'ont pas encore intégré l'impact de la baisse de l'euro sur les entreprises", souligne Jean Noel Vieille, directeur des gestions chez Hixance 360 AM. Selon lui "un premier effet devrait se voir sur les chiffres d'affaires du dernier trimestre à paraître en janvier. Logiquement on pourrait avoir un surplus de croissance non-négligeable de 0,7% lié à la baisse de l'euro, mais aussi à celle du cours du pétrole". 

Nina Godart