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Pourquoi la dégradation de la conjoncture américaine suggérée par l'ISM doit être relativisée

La croissance de l'économie américaine a été révisée en légère baisse au deuxième trimestre.

La croissance de l'économie américaine a été révisée en légère baisse au deuxième trimestre. - Mark Thompson - AFP

La publication mardi d'un indice d'activité manufacturière aux Etats-Unis, l'ISM, a douché les marchés et refait surgir le spectre de la récession outre-Atlantique. Mais un autre indicateur dit le contraire...

Les indices boursiers mondiaux ont terminé sur un repli marqué mardi, affectés principalement par la forte contraction du secteur manufacturier en septembre aux Etats-Unis (publication de l'enquête ISM à 47,8, bien en dessous des prévisions), dans un contexte de détérioration de la conjoncture économique et de tensions commerciales entre Pékin et Washington. Le CAC40 a ainsi lâché 1,41% tandis que le Dow Jones baissait de 1,28%.

De nouvelles craintes d'entrée en récession de la première économie mondiale ont alors immédiatement traversé les salles de marché. Pour autant, il y a matière à relativiser, prévient Hervé Goulletquer, stratégiste à la Banque Postale Asset Management. En cause, la pertinence de l'indicateur ISM...

Car dans le même temps, l'indice PMI de Markit (qui fait foi pour l'activité manufacturière en Europe) donne un résultat très différent pour les Etats-Unis. Au contraire de l'indice ISM, il est en hausse en septembre à 51,1 (contre 50,5 un mois plus tôt), traduisant une activité en expansion. Qui croire ?

"La conjoncture économique américaine n’est pas sur le point de décrocher"

"Quelle enquête doit-on privilégier, sachant que les messages envoyés sont très divergents ? Rappelons que les deux indices ne sont pas construits de la même façon. Celui de Markit est extrait d’un échantillon plus large (plus de 600 contre 300), est moins sensible à la conjoncture internationale (disons avant tout la Chine et le change) et apparaît moins volatil que celui d’ISM. De plus, il est sur longue période un peu mieux corrélé au glissement du PIB sur un an", explique Hervé Goulletquer.

En conclusion, "Disons que, dans le moment actuel de l’économie américaine, avec un contraste entre une activité intérieure qui plutôt tient le choc et des échanges mondiaux affaiblis, suivre plus le PMI de Markit que celui d’ISM fait sens. Il faut donc relativiser cette impression qu’il y aurait quelque chose en train de brutalement se dégrader au sein de l’économie américaine. Celle-ci ne fait que subir les conséquences d’un net ralentissement du commerce mondial, qui doit beaucoup aux incertitudes générées par les tensions entre Pékin et Washington".

"Dans ce contexte, il est important de noter que par ailleurs l’activité logement se met à "remonter la tête" et que le niveau des profits des entreprises reste (au moins pour le moment) élevé. Il y a ici deux bases solides pour considérer que la conjoncture économique américaine n’est pas sur le point de décrocher". CQFD ?

Olivier Chicheportiche