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Pourquoi la domination commerciale de la Chine est un leurre

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De nouveaux débouchés se créent et il appartient aujourd'hui aux entreprises françaises de se montrer capables de répondre aux attentes des consommateurs chinois.

La venue du président chinois en France a été l’occasion de conforter un vieux poncif. Le « péril jaune » économique serait plus que jamais d’actualité, s’incarnant dans la dynamique d’une Chine à la croissance phénoménale. A en croire certains observateurs, cette croissance serait d’autant plus menaçante qu’elle s’appuie sur un régime de fer, qui la favorise en maintenant un cadre social autoritaire et répressif. Nos vieilles démocraties percluses de grèves et minées d’insupportables inégalités ne seraient plus à la hauteur.

Parlant de la Révolution française dans les années 1970 avec le président Pompidou, Chou En Laï, alors premier ministre chinois, affirmait qu’il était encore trop tôt pour en faire un bilan sérieux. On peut donc penser qu’il en va de même de la spectaculaire mutation que vit la Chine depuis 40 ans.

D’autant plus que l’on connaît mal ce pays et que, quand on a des éléments objectifs le concernant, on n’en tient guère compte. C’est ainsi le cas dans les relations commerciales que nous pouvons avoir avec la Chine. Celle-ci est supposée déséquilibrer le commerce mondial par un dumping, notamment social, systématique. Le cas de la France serait une bonne illustration des conséquences de ce dumping. La Chine est devenue notre 2e fournisseur alors qu’elle n’est que notre 7e client. Elle représente 9% des importations françaises, quand la France représente 1,4% de ses importations. Résultat, la France enregistre un déficit commercial vis-à-vis de la Chine de près de 30 milliards d’euros.

Quant aux mouvements de capitaux, le discours convenu est celui d’un achat de la France par la Chine. De fait, 700 filiales d’entreprises chinoises et hongkongaises y sont établies employant 45 000 personnes. Nous serions donc dans une situation où une Chine dégageant d’énormes excédents extérieurs grâce un flot considérable d’exportations serait en train de conquérir économiquement parlant le monde, dont la France. Or, c’est faux !

Les comptes extérieurs de la Chine sont tout juste à l’équilibre, même si son solde strictement commercial est encore excédentaire. Alors que la zone euro et le Japon engrangent des excédents (la zone euro dégage un excédent de 3,5% de son PIB, grâce en particulier à l’excédent allemand qui est de 8% du PIB ; celui du Japon est de 4%), l’excédent extérieur de la Chine, qui représentait 10% de son PIB en 2007, a disparu. Et la situation de la Chine ne devrait pas s’améliorer car la consommation y augmente à un rythme annuel de 9%.

Pour la France, cela signifie que de nouveaux débouchés se créent. Il appartient donc aux entreprises françaises de se montrer capables de répondre aux attentes des consommateurs chinois, à l’instar des autres pays européens, plutôt que de s’alarmer d’une soi-disant domination commerciale chinoise.