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Pourquoi le redressement économique de l'Italie n'offre pas un boulevard au pouvoir en place

La reprise économique se profile mais des difficultés structurelles persistent en Italie (image d'illustration).

La reprise économique se profile mais des difficultés structurelles persistent en Italie (image d'illustration). - Alberto Pizzoli - AFP

Les Italiens sont appelés aux urnes ce dimanche 4 mars, alors que la reprise économique semble enfin être au rendez-vous. Mais la situation globale reste encore inquiétante. Et tout le pays n'est pas logé à la même enseigne.

Ce dimanche 4 mars 2018, les Européens auront les yeux braqués vers l’Italie, où se dérouleront des élections législatives cruciales pour le pays. Celle-ci détermineront en effet la trajectoire à venir de la quatrième économie du vieux continent, qui vient de renouer avec une croissance solide mais dont les difficultés structurelles sont loin d’avoir disparu.

Jeudi, plusieurs indicateurs sont venus nourrir les espoirs d’une amélioration durable pour le pays, durement touché par la crise économique. Le PIB a finalement progressé de 1,5% en 2017, soit la meilleure performance depuis sept ans.

Le déficit public a également enregistré son meilleur résultat depuis 2008, à 1,9% du PIB (contre 2,5% en 2016). "Le fruit du travail réalisé ces dernières années", s’est immédiatement félicité le ministre de l’Économie Pier Carlo Padoan (Parti démocrate, centre gauche), candidat ce dimanche à Sienne.

Le chômage et les inégalités perdurent

Mais cet opportun regain de confiance convient d’être tempéré, notamment car l’Italie peine toujours à trouver les solutions sur le front de l’emploi. Son taux de chômage s’élevait en décembre à 11,1% soit bien plus que la moyenne de la zone euro (8,6%). La situation est particulièrement inquiétante pour les 15-24 ans, avec un taux de 31,5% (contre 17,9% en zone euro).

Autre mal endémique touchant la péninsule: la répartition inégale des richesses, alors que l’Italie dispose d’un patrimoine phénoménal. Le pays, marqué par l’opposition entre un nord fringant et un sud enlisé dans les difficultés, collectionne les statistiques peu flatteuses. En témoigne le classement montrant l'inégalité de répartition des revenus dans chaque pays, réalisé par l’institut Eurostat.

L’Italie compte d’ailleurs, toujours selon Eurostat, le plus grand nombre de pauvres en valeur absolues, avec 10,4 millions de personnes ayant du mal à faire face à des dépenses imprévues, à se loger ou à se soigner.

Promesses électorale démesurées

Un phénomène qui a logiquement alimenté la campagne électorale en vue des élections législatives… et donné lieu à des promesses souvent démesurées. Celles du Parti démocrate de Matteo Renzi (Centre gauche) pourraient coûter au pays entre 35 et 56 milliards d’euros, selon les diverses estimations. Tandis que la facture du programme du Mouvement 5 étoiles (populiste) pourrait se situer entre 78 et 108 milliards. Quant à la coalition droite/extrême droite, la fourchette est comprise entre 136 et… 310 milliards. Cette dernière est, selon les derniers sondages, favorite avec 38% des intentions de vote, devant le Mouvement 5 étoiles (28%) et le Parti démocrate au pouvoir (26%).

Une surenchère problématique, à l’heure où l’Italie plie sous le poids de la dette. Elle représente désormais 131,5% de son PIB, soit le deuxième ratio le plus élevé de la zone euro derrière la Grèce. Preuve, s’il en fallait, que les prochaines années seront déterminantes pour la santé économique du pays.

Yann Duvert avec AFP