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Les prévisions économiques des gouvernements sont-elles fiables?

Mariano Rajoy a encore dû défendre les prévisions économiques de son gouvernement, qu'il juge "conservatrices"

Mariano Rajoy a encore dû défendre les prévisions économiques de son gouvernement, qu'il juge "conservatrices" - -

Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, doit défendre la crédibilité des prévisions économiques de son gouvernement, qui restent moins pessimistes que celles de Bruxelles. Mais l'Espagne n'est pas le seul pays à livrer des chiffres qui semblent loin de la réalité.

Peut-on se fier aux prévisions du gouvernement espagnol? Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, répond évidemment par l'affirmative. "Nous avons fait des prévisions conservatrices et je crois que nous avons fait des prévisions pour être crédibles", s'est-il défendu, dimanche 28 avril, en évoquant les chiffres publiés, le 26 avril dernier.

Le doute est néanmoins permis. Comme le rappelle le think tank européen Open Europe, Madrid a souvent avancé des prévisions jugées bien optimistes. Et tout le monde a encore en tête le gouvernement grec qui, fin 2009 révise brusquement sa prévision de déficit de 6 à 12,7%, déclenchant par la même la crise de l'euro dans laquelle l'Union européenne pâtine toujours.

Avant les nouvelles estimations de vendredi, l'Espagne tablait ainsi sur un repli de son PIB de 0,5% pour 2013,alors que la Commission européenne prévoit un chiffre à -1,4%, soit trois fois plus !

Même dans les prévisions publiées vendredi, Madrid reste assez loin, dans certains cas, des estimations de la Commission européenne. Le déficit public pour 2013 est prévu à 6,3% du PIB contre 6,7% pour Bruxelles.

Fin mars dernier, la Commission avait appelé, concernant le déficit 2012, le gouvernement à revoir à la hausse son estimation. "Des questions se posent autour de l'exactitude des chiffres avancés par Madrid", expliquait alors Ricardo Santos, un économiste de BNP Paribas cité par Bloomberg.

Alors que Madrid avait promis un déficit à 6,7% du PIB, Eurostat a finalement estimé que ce chiffre s'élève à 10,6%!

Un déficit 2012 largement revu à la hausse pour l'Espagne

Mais l'Espagne n'est pas un cas isolé. Paris, aussi, a pu tabler sur des prévisions jugées trop optimistes. Que ce soit la prévision de croissance, à 0,8%, ou de déficit, à 3% du PIB, les prévisions retenues par le gouvernement dans le budget 2013, ont dû être drastiquement revues à la baisse.

Dans le pacte de stabilité qui doit être transmis, le 30 avril prochain, à Bruxelles, Paris mise désormais sur un déficit à 3,7% de son PIB pour 2013 et une croissance tout juste positive (0,1%). Une dernière hypothèse encore trop optimiste aux yeux du FMI, qui considère que la France enregistrera un recul de son PIB à -0,1%, en 2013.

Quant au déficit, le président UMP de la commission des finances à l'Assemblée nationale, Gilles Carrez, estime lui qu'il dépassera les 4%, cette année.

Julien Marion