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Prix du pétrole : le rôle de médiateur intéressé joué par la Russie

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Le prix du pétrole est au plus haut depuis 2014. Les attaques des Etats-unis contre l’Opep se multiplient. Mais un autre grand acteur est à suivre : la Russie.

Si les Etats-Unis jouent un rôle important sur la hausse des prix du pétrole, une autre grande nation s'agite : la Russie. Mais pas tout à fait dans le même sens. Elle apparaît en effet davantage comme un médiateur. Un médiateur qui ne manque pas de piquant. Une anecdote le montre. Au Forum russe sur l’énergie mercredi, Vladimir Poutine s’est adressé à son homologue américain : « Donald, si vous voulez trouver le coupable de la hausse des prix, vous devez regarder le miroir ».

Avant cette pique, en référence à la politique d’isolement de l’Iran par les Etats-Unis, le chef de l’Etat russe s’est montré plutôt arrangeant. Il a même donné partiellement raison à Washington sur le niveau élevé des cours du brut soulignant que son pays a déjà augmenté de 400 000 baril/jour sa production. Poutine s'est aussi déclaré disposé à la relever encore de 200 000 à 300 000 de plus. 

Moscou en colombe des marchés pétroliers

Le président russe a même été jusqu'à fixer un plafond baril/jour de cours 10 $ au dessous du niveau actuel. « Nous serons tout à fait satisfaits avec 65-70-75 $. C’est normal pour assurer un fonctionnement efficace des compagnies » a-t-il souligné. Le président du fonds souverain a affirmé, pour sa part, que son pays n’était pas intéressé par des prix « incroyablement hauts ». 

Les Russes se dissocient là des Saoudiens ?

A première vue, on peut le penser, parce que ces déclarations russes sont à l’inverse de récentes indications saoudiennes, favorables à un seuil au-dessus des 80 dollars. Mercredi encore, le ministre de l’Energie de l’Arabie saoudite a assuré que le marché est « bien approvisionné ». D'après lui, les 85 dollars actuels ne seraient que la « création des marchés financiers ». 

L’agence Reuters rapporte toutefois que ministre russe et saoudien se sont mis d’accord pour accélérer la production d’ici à décembre. Ce jeudi, une analyste à Dubaï parle d’un « amour pragmatique » au Kremlin, on invoque la nécessite de ce dialogue, où chacun doit y mettre du sien. Une source d’une compagnie russe estime que son pays pourrait ainsi aller chercher en 2019 les 11,8 millions baril/jour. Cela représenterait donc près d’un demi million de plus que le record du mois dernier. De quoi largement convenir aux Américains.

Les Russes prêts à lâcher les Iraniens ?

Dans le dossier pétrolier, publiquement, Téhéran n’opère plus de distinction entre Riyad et Moscou, accusés tous deux de céder ensemble aux exigences de la maison-blanche. Un éditorialiste renommé d’une chaîne d’Arabie saoudite explique pourtant que l’Iran espère bien écouler son brut vers la Russie pour le raffiner et le diriger ensuite vers la Chine. Si cette configuration se confirme, cela va accentuer davantage encore le rôle pivot de la Russie. Mercredi, le ministre russe de l’Energie a évalué l’effet des sanctions américaines contre l’Iran à 5 ou 7 dollars par baril. C’est beaucoup et peu à la fois : Moscou quantifie le poids de ce facteur iranien mais en veillant à ne pas le rendre vraiment déterminant.